Le trajet moral d’une jeune serveuse témoin d’une agression. Une fable sociale jamais édifiante.
Daphne opère un assez joli décrochage sur la voie souvent toute tracée de la fable sociale britannique. Ici pas d’altruisme, pas de bons sentiments, mais une jolie rousse antipathique, employée dans un restaurant à Londres : le jour, ça bosse, la nuit, ça picole sec, entre deux coucheries sans amour.
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Mais voilà que l’héroïne est témoin d’une agression : elle encaisse la vision d’un coup de couteau dans une épicerie et rentre chez elle. Ce portrait féminin tout en nuance déjouera les pièges de la progressive prise de conscience : car si réveil il y a, naissance à soi, ce n’est jamais édifiant ou doucereux.
Daphne a un goût amer, se refuse à toute sensiblerie. Son héroïne est crue et le restera jusqu’à la fin. Juste, elle s’attendrit un peu. Se terrer au fond de sa coquille dans un monde néolibéral, fondé par Thatcher (un extrait de radio évoque sa théorie du “grand ruissellement”, censée couvrir la société de richesses grâce au capitalisme), c’est se confondre avec lui, en devenir le symbole de fermeture et d’âpreté. Voilà pourquoi Daphne est un peu plus qu’un film de rédemption : le miroir d’une drôle d’époque.
Daphne de Peter Mackie Burns Avec Emily Beecham (G.-B., 2016, 1 h 33)
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