Centrée sur l’enlèvement du petit-fils d’un magnat du pétrole, la série boursouflée de Danny Boyle ne convainc guère.
Bizarrerie du calendrier, quelques mois à peine après la sortie de Tout l’argent du monde, le film de Ridley Scott qui retraçait la célèbre affaire de l’enlèvement de John Paul Getty III, le sinistre fait divers est l’objet d’une nouvelle adaptation, cette fois sous forme de série.
En 1973, le petit-fils du magnat du pétrole – et première fortune mondiale – Jean Paul Getty est kidnappé par des malfaiteurs italiens qui exigent 17 millions de dollars en échange de sa libération. Le milliardaire vieillissant (interprété par Donald Sutherland) ne semble que peu disposé à payer la rançon, voyant d’un mauvais œil les mœurs légères de son petit-fils, un jeune ado à la gueule d’ange porté sur la dope et les filles.
Scénarisée par Simon Beaufoy et réalisée par Danny Boyle, le duo à l’origine de Slumdog Millionaire et 127 heures, Trust suit les ramifications inattendues de cette sombre affaire, des travées du manoir des Getty, dans la banlieue de Londres, aux ruelles agitées de Rome, où le jeune homme a été enlevé.
Des stars à la limite du cabotinage dans une malhabile reconstitution
Dans sa manière d’ausculter les querelles d’héritage d’une famille profondément pervertie par la fortune de son patriarche, la série se voudrait shakespearienne, citant avec insistance Le Roi Lear. Hélas, personnages et enjeux dramatiques sont vite relégués au second plan tant la mise en scène ostentatoire de Danny Boyle, et ses effets de style (plans-séquences censément virtuoses et écrans splittés à la pelle), semble être au cœur du projet.
Pas plus habile dans sa volonté de radiographier les seventies, à grand renfort de tubes des Pink Floyd et des Rolling Stones, Trust ne semble jamais réellement cibler son sujet et se contente de dérouler une intrigue faussement labyrinthique, émulant maladroitement la structure narrative retorse, et autrement plus convaincante, de Fargo, la série géniale de Noah Hawley également diffusée par FX.
Avec ses stars à la limite du cabotinage (Donald Sutherland en milliardaire aigri, Hilary Swank en mère désespérée) et sa réalisation boursouflée, Trust ne nous réconciliera pas avec Danny Boyle, que l’on semble avoir définitivement perdu.
Seule véritable surprise, les simagrées plutôt réjouissantes de Brendan Fraser – dont les rôles phare dans la trilogie La Momie ou George de la jungle ne présageaient pas une partition inoubliable –, qui incarne un homme de main texan aux allures de cow-boy des temps modernes et aux méthodes de filature pour le moins radicales. Une bien maigre consolation. Léo Moser
Trust A partir du 10 mai, Canal+