Pour Kanye West, l’esclavage « ressemble à un choix ».
Alors qu’il fait son grand retour dans les médias en prévision de la sortie de deux albums début juin dont l’un en featuring avec Kid Cudi, le rappeur de Chicago a estimé que « l’esclavage ressemblait à un choix » dans une interview accordée à TMZ :
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« Quand tu entends que l’esclavage a duré 400 ans. 400 ans ? ça ressemble à un choix ! C’est comme si nous étions mentalement en prison. J’aime ce terme ‘prison’ car l’esclavage renvoie trop directement à l’idée des Noirs. L’esclavage pour les Noirs c’est comme l’Holocauste pour les Juifs. La notion de prison unit en une même race les Noirs et les Blancs, nous appartenons à la race humaine. »
L’un des journalistes de TMZ, Van Lathan, s’est empressé de remettre Kanye West à sa place, lâchant ce que tout le monde pense très fort depuis son soutien à Donald Trump :
« Je ne pense vraiment pas que tu penses quoi que ce soit. Je pense que ce que tu fais là maintenant est une absence totale de pensée. Et je pense ça car, Kanye, tu as le droit à ton opinion. Tu as le droit de croire en ce que tu veux. Mais il y a les faits, le vrai monde, les conséquences dans la vraie vie derrière tout ce que tu viens de dire. Pendant que tu fais de la musique, pendant que tu es un artiste et que tu vis la vie que tu as conquise en étant un génie, nous tous devons gérer ce qui menace nos vie. Nous devons gérer la marginalisation qui découle des 400 ans d’esclavage qui constituaient, selon toi, un choix pour nos ancêtres. »
Et de poursuivre :
« Franchement, je suis déçu, je suis consterné et, frère, je suis incroyablement blessé par le fait que tu te sois transformé en quelque chose qui, pour moi, n’est pas réel. »
« Ma déclaration était un exemple de pensée libre »
A l’image de Van Lathan, plusieurs personnalités de la communauté afro-américaine ont condamné les propos de Kanye West, comme la féministe Roxane Gay : « Je n’ai pas d’énergie pour ces sottises, mais que Kanye dise que l’esclavage est un choix confirme mes précédentes déclarations quant à la dangerosité de sa banalité, quant à la superficialité de ses divagations. Il n’est pas un penseur libre. Il est un libre crétin qui ne lit pas. »
I don’t have the energy for nonsense but Kanye saying slavery was a choice reiterates my previous statements about how dangerous his trite, shallow ramblings are. He is not a free thinker. He is a free moron who doesn’t read. Do not @ me.
— roxane gay (@rgay) 1 mai 2018
Sur Twitter, Kanye West tente depuis d’expliquer son point de vue : « Ce que je voulais dire c’est que si nous sommes restés dans cette situation alors même que le nombre était à notre avantage, c’est bien que nous étions réduits en esclavage mentalement. (…) Ils nous coupaient la langue afin que nous ne puissions pas communiquer entre nous. Je ne laisserai pas ma langue être coupée. » Et d’ajouter :
“J’ai reparlé des 400 ans car nous ne pouvons pas demeurer prisonniers mentalement pour 400 ans de plus. Nous devons avoir des pensées libres désormais. Ma déclaration était un exemple de pensée libre, c’était juste une idée. Une fois de plus je me fais attaquer parce que je présente des idées nouvelles. (…) A l’école, nous devons apprendre comment Magic Johnson a monté son business, pas seulement le passé. De toute façon, je n’ai jamais entendu parler d’un lycée qui présente des idées futuristes. »
« Mettez Michael Jordan sur un billet de 20 dollars »
Le 18 avril, Kanye West avait donné une longue interview à Charlamagne Tha God, dans laquelle il évoquait déjà le racisme et l’esclavage, expliquant que le débat autour de la présence de Harriet Tubman sur les billets de 20 dollars lui avait donné envie « d’utiliser des bitcoins » : « C’est comme quand tu vois tous ces films sur l’esclavage. Vous devez vraiment nous rappeler l’esclavage ? Pourquoi vous nous montrez pas… mettez Michael Jordan sur un billet de 20 dollars. » Pour rappel, Harriet Tubman était une militante afro-américaine en en faveur de l’abolition de l’esclavage au XIXe siècle. Elle devait figurer sur les billets de 20 dollars à partir de 2020 avant que l’administration Trump ne repousse cette décision sans donner de date précise.
===>>> A (re)lire : Kanye West, génie ou crétin ?
Au sujet de Martin Luther King Jr. et de Malcolm X : « Mec, je sais que ce que je vais dire va déclencher une polémique mais certaines icônes sont situées trop loin dans le passé et on ne peut plus s’identifier à elles et c’est ce qui les rend sécurisantes. »
Au sujet du racisme de Trump, qu’il soutient à 200 % : « Ma réponse est : ‘le racisme n’est pas le disjoncteur pour moi’. Si c’était le cas, je ne vivrais pas aux Etats-Unis. » Il a également expliqué qu’il continuait d’être lui-même victime de racisme : « Dans cette communauté fermée, je fais avec. »
Et d’ajouter: « Une personne noire ne peut pas être imparfaite aux yeux du public, c’est une forme de contrôle. Je suis là pour vous montrer l’imperfection. La beauté réside dans l’imperfection. »
« Je suis le meilleur artiste de tous les temps »
Kanye West a abordé d’autres sujets comme son séjour en hôpital psychiatrique, qui l’a laissé vidé de toute confiance en lui :
« J’avais perdu ma confiance. Ce n’était plus la confiance au niveau d’un Black Panther ou de Superman. Je n’ai jamais eu de sympathie pour les gens qui manquent de confiance. J’en ai eu tellement que je ne savais pas ce que c’était de ne pas en avoir. C’était incroyable car ça force l’humilité. Avant ça, je voyais l’humilité comme quelque chose de négatif. »
Outre le vol dont a été victime Kim Kardashian à Paris et son éloignement de Jay Z et Beyoncé (qui manquèrent son mariage avec Kim K. en 2014, ce qu’il ne leur pardonne pas, apprend-on), il évoque sa rupture avec Obama, qui le traita de « crétin » dans une vidéo « off », malgré tout diffusée au moment de son esclandre aux MTV Video Music Awards de 2009. Apparemment, lorsqu’il était encore sénateur, Obama serait venu le trouver chez sa mère pour leur demander de le soutenir :
« Je suis son artiste favori de tous les temps. Car je suis le meilleur artiste de tous les temps, ça fait juste sens, ce n’est pas qu’il a bon goût. »
Kanye West explique n’avoir pas digéré qu’Obama ne s’excuse pas de l »avoir traité de crétin, et de lui avoir préféré d’autres gloires du hip-hop américain :
« Je suis ton artiste préféré. Tu as passé Touch The Sky à ton inauguration. Et d’un coup, Kendrick et Jay, tous ces gens que tu as invités à la Maison Blanche, sont désormais tes rappeurs préférés ? »
« J’utilise le monde comme thérapie »
Mais la clé de tout son délire réside peut-être dans la séquence de l’interview où il évoque sa thérapie :
« J’utilise le monde comme thérapie, comme mon thérapeute. Je les (sa famille, ses amis) tire dans la conversation sur ce que je ressens et j’obtiens leur point de vue. C’est un peu narcissique. »
Quant à Twitter, qui semble être sa plateforme thérapeutique privilégiée :
« C’est un sentiment naturel. Je veux m’exprimer. J’ai décidé d’utiliser cette plateforme pour exprimer certaines découvertes que je fais depuis ma sortie de l’hôpital. Il y aura des erreurs, des défauts dans ma façon de communiquer. Je ne suis pas entraîné aux médias. Je dis juste ce que je ressens par amour. »
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