[Edouard Louis, rédac chef] Le jeune Adama Traoré est mort des suites de violences des forces de l’ordre dans une gendarmerie à l’été 2016. Depuis, sa sœur Assa Traoré mène un combat pour la vérité et la justice. A travers sa lutte, le philosophe et sociologue Geoffroy de Lagasnerie a vu se dessiner un “nouveau centre du monde”. Dans un dialogue avec Edouard Louis, ils dépeignent un pays qui réduit une partie de sa population à la persécution et au silence.
Le 19 juillet 2016, à la gendarmerie de Persan, Adama Traoré, 24 ans à peine, perdait la vie dans des conditions inhumaines. Asphyxié par le corps de trois gendarmes qui tentaient de l’immobiliser pour un contrôle, puis déplacé jusqu’au commissariat alors qu’il était déjà dans un état critique, il se trouvait menotté, allongé face contre terre lorsque son cœur s’est arrêté de battre.
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Assa Traoré, sœur aînée du jeune homme, et le reste de sa famille n’apprendront son décès que plusieurs heures après. Car l’assassinat d’Adama va être successivement caché, maquillé, transformé, et reste aujourd’hui encore impuni. A la lecture de sa Lettre à Adama, coécrite avec Elsa Vigoureux, on pénètre dans les coulisses effrayantes du combat auquel Assa dédie désormais sa vie : celui pour la vérité, pour la justice. Afin que dorénavant, on ne meure plus sous prétexte de ne pas avoir “la bonne couleur ou la bonne religion”.
Le courage d’Assa Traoré n’a d’égale que la malveillance des institutions qui l’entourent et essaient de la faire taire, elle et sa famille. Un procureur qui ment quant aux circonstances de la mort, des manifestations systématiquement bloquées par les CRS, trois frères, véritables “prisonniers politiques”, incarcérés pour “outrage et violences à l’encontre des forces de l’ordre”… Avec dignité et détermination, elle se bat quotidiennement pour récupérer ce qui lui est dû : le droit de savoir. Mais aussi celui de pouvoir enfin permettre à des jeunes comme Adama, aujourd’hui marginalisés et stigmatisés, de participer à la construction de leur France.
Geoffroy de Lagasnerie — Edouard collabore avec Les Inrockuptibles à l’occasion de la sortie de son livre, Qui a tué mon père, lequel porte sur les mécanismes responsables de la dégradation du corps de son père et donc sur les forces sociales qui produisent la mort. Toi, comment répondrais-tu à la question : “Qui a tué Adama ?” Et est-ce que la mobilisation politique n’est pas une manière d’aller le plus loin possible dans la recherche des coupables – de démultiplier les responsables ?
Assa Traoré — Quand ces gendarmes viennent tuer mon frère le 19 juillet 2016, ils n’ont pas une liste de noms à cocher qui dirait : “Aujourd’hui, on va tuer Adama Traoré”, ensuite “On va aller violer Théo”, puis “On va tirer sur Gaye Camara”. Ce qui se passe, c’est que tout un système s’est construit autour de mon frère, autour de ces quartiers-là, autour de ces jeunes hommes noirs et arabes, qui n’ont pas la bonne couleur ou la bonne religion. Et cela fait des décennies. On peut même remonter très loin, au temps de l’esclavage. L’homme noir a toujours été construit comme une personne que l’on déplace, que l’on tue, qui ne sert à rien. Cela s’est prolongé avec la colonisation.
“Quand les gendarmes viennent dans nos quartiers, ils sont armés comme s’ils étaient en zone de guerre” Assa Traoré
Aujourd’hui, on ne se bat pas uniquement pour Adama Traoré, on se bat pour tous les Adama, tous ces jeunes garçons qui ne sont pas pris en considération. On ne les voit même pas. Quand les gendarmes viennent dans nos quartiers, ils sont armés comme s’ils étaient en zone de guerre. Ils sont cagoulés, il n’y a aucun dialogue. Immédiatement, on tutoie les jeunes, on leur crache dessus, on les frappe et puis on les viole, on les tue aussi. On ne considère pas qu’ils puissent participer à la construction de ce monde, de cette France, ni même de leur propre vie.
Lorsqu’on se fait contrôler plus de cinq fois par jour, lorsqu’on se fait insulter, on n’a même plus le contrôle de son existence. C’est ce système qui a tué mon frère, le même qui protège les policiers criminels. Nous sommes écrasés, on veut nous faire taire, on s’acharne sur nous, et nous nous retrouvons à devoir nous battre pour des droits qui nous sont dus.
G. de L. — Ce que tu décris dans ton livre Lettre à Adama, c’est aussi à quel point, dès qu’il s’agit des garçons noirs ou arabes, tout est inversé. L’école, au lieu d’être un lieu de prise en charge et d’apprentissage, devient un lieu d’humiliation et d’exclusion ; la police n’est pas ce qui protège mais ce qui menace, la justice n’est pas ce qui accompagne les droits mais ce qui les entrave… Toutes les institutions font l’inverse de ce qu’elles sont censées faire.
A. T. — Bien sûr, parce que nous vivons dans un monde de domination. La France est divisée en deux : les oppressés et les soulagés. Et l’écart est grandissant. On ne peut pas rester spectateur de ce qui se passe. Aujourd’hui, on peut parler d’extermination de jeunes des quartiers, on les tue comme si de rien n’était.
Edouard Louis — Quand on parle des rapports de domination, on parle souvent d’exclusion. Mais ce qui est frappant quand on t’écoute, c’est que la notion de persécution est beaucoup plus opérante que celle d’exclusion quand il s’agit des classes populaires. Ces hommes que tu décris, tes frères, l’Etat ne les met pas de côté, au contraire, il les persécute, il les remet toujours au centre, à travers les contrôles de police, les convocations, la justice, ou dans les discours, quand ceux qui font de la politique, comme Macron, Hollande ou Sarkozy, stigmatisent les pauvres…
A. T. — Les jeunes des quartiers populaires, ces hommes noirs ou arabes, sont construits par la France comme ayant un profil idéal de coupables à servir sur un plateau à la justice, à la police, etc. La France crée de bons coupables… et les gens ne vont pas chercher plus loin. Moi, je ne l’ai pas encore ce profil, sinon on serait déjà venu me chercher. Alors oui, dans ce sens, on les intègre malgré eux. Comme on a besoin de coupables dans une société où il y a une frontière dominants/dominés, on va les chercher dans les quartiers populaires. Il faut des dominés. Quand des jeunes Noirs ou Arabes vont vendre de la drogue dans des quartiers huppés à des jeunes Blancs, qui va en prison ? Ce sont ces garçons des quartiers populaires. Pas les autres, parce qu’ils n’ont pas le profil.
E. L. — Quand tu évoques cette violence-là, ce racisme d’Etat si présent en France, tu parles toujours des “garçons”. Comment décrirais-tu la différence entre le racisme qui s’abat sur les garçons et celui qui s’abat sur les filles ?
“Dans les quartiers, ce sont les femmes voilées qui subissent le plus de violences” Assa Traoré
A. T. — Les femmes sont moins persécutées que les garçons car elles vont moins être vues comme “nuisibles”. Moi, je me suis fait contrôler une fois, en voiture. J’ai sorti mes dents, j’ai souri, j’ai fait la gentille et on m’a laissée repartir. Les femmes sont moins nuisibles que l’homme noir ou arabe car elles restent perçues comme “gentilles”, “maniables”. Donc elles ne sont pas trop gênantes tant qu’elles restent entre les mains de l’homme blanc, justement. Mais dès qu’elles sortent du cadre et disent : “Je ne serai plus votre objet, je ne serai plus comme vous voulez que je sois”, elles vont commencer à gêner. Dans les quartiers, ce sont les femmes voilées qui subissent le plus de violences : insultes, racisme, on leur arrache leur voile.
On peut aussi parler de Marie-Reine, à Agen, qui s’est fait tabasser par la police, à qui on a répété qu’elle avait le sida parce qu’elle est noire, qui s’est fait humilier, remonter sa jupe… Tout ça peut exister car nous côtoyons dans ce pays des gendarmes indisciplinés, qui n’ont aucun savoir-vivre, qui ne respectent pas les gens. Je suis certaine que si on leur pose aujourd’hui la question, à ces policiers-là, ils sont incapables de faire la différence entre un acte raciste et un qui ne l’est pas.
G. de L. — Lorsqu’on réfléchit aux systèmes responsables de la mort d’Adama, très souvent on parle du système racial, ou du système policier, mais on parle très peu du système médiatique. Or les violences policières se répètent aussi parce qu’elles ne sont pas assez relayées. On peut penser aux histoires de Lamine Dieng, Abdelkader Bouziane, Wissam El-Yamni et beaucoup d’autres… Cacher une extermination, c’est en être complice. Les médias, en occultant ces histoires, sont aussi responsables de la mort de ton frère et des autres tués par la police.
A. T. — Je ne connaissais effectivement pas toutes les histoires de violences policières – à part la plus médiatisée qui a été celle de Zyed et Bouna. Le reste est passé à la trappe. Les médias sont contrôlés par l’Etat : très vite, dans l’histoire de mon frère, le nom de ma famille a été sali, Adama a été décrit comme un délinquant, et les gendarmes comme des victimes. Alors, rapidement, on a installé un rapport de force avec les médias. Nous avons protesté lorsque nous les entendions raconter n’importe quoi sur mon frère ou les circonstances de sa mort. Là où les médias sont un peu bloqués dans le combat d’Adama, c’est que personne ne parle pour nous. Et donc la parole ne s’éparpille pas dans tous les sens.
Notre combat reste dans la même ligne, on répète toujours les mêmes choses : on cherche la vérité. On a tout de suite mis en place sur Facebook notre propre média, où l’on partage tout, on filme tout, on fait des communiqués, on rectifie les erreurs. Ainsi, on a rééquilibré les choses, désormais les médias font attention. Notre avocat, Yassine Bouzrou, est très à cheval là-dessus. La communication est mieux gérée. On me pose aussi souvent la question : “Pourquoi c’est souvent avec Geoffroy ? Comment vous vous connaissez ?” Ça aussi, c’est un contrôle. Je ne peux pas parler de mon frère avec n’importe qui. Je ne peux parler de mon frère qu’avec quelqu’un qui défend ces questions-là.
Même s’il ne pense pas comme moi, ne vit pas comme moi, c’est important d’avoir quelqu’un qui puisse apporter une autre parole. Dans le combat pour Adama, Geoffroy est très complémentaire. Mon frère n’est pas une part de marché, il n’est pas à vendre à n’importe quel média. Il y a beaucoup d’interviews et de personnes qu’on refuse.
E. L. — Justement, j’ai remarqué que tu insistais souvent sur les personnes qui ne sont pas directement concernées par la mort d’Adama et qui soutiennent ce combat. Je me trouve aux Etats-Unis en ce moment et ici, il est beaucoup question d’“appropriation culturelle”, c’est-à-dire que beaucoup de gens pensent, pour le dire très vite, qu’une personne blanche n’est pas légitime pour parler de la souffrance des Noirs. Toi, tu sembles avoir une approche très différente, et dire que la question n’est pas “Qui parle ?” mais “Qui dit la vérité ?”
A. T. — La France a divisé son peuple en deux. Nous souhaitons que ce combat rassemble les gens. Peu importe qui tu es, ça n’est pas le sujet. Aujourd’hui, il y a une cause à défendre, on se lève ensemble et on la défend ensemble. Et si on doit tomber dans le trou, on tombera ensemble. Par contre, c’est nous qui menons la barque. On ne veut pas que ce soit simplement le combat des Traoré, le combat des quartiers populaires ou des Noirs. On veut que ce soit une lutte portée par la France parce qu’elle est représentative du mal-être dans lequel on vit. Dans cette lutte, on parle des quartiers populaires, du racisme, de la précarité, de la violence : tout ça n’appartient pas qu’à la famille Traoré, ça appartient à toute la société.
“Dans ce monde où l’on vit, il devrait y avoir une révolution !” Assa Traoré
Alors, bien sûr qu’il faut une révolution. On ne peut pas simplement être là, sans se battre. Dans ce monde où l’on vit, il devrait y avoir une révolution ! Je ne comprends pas ! Normalement, on devrait descendre dans la rue, faire comme ceux qui se sont battus pour les droits dont on profite aujourd’hui : rentrer dans l’Elysée et renverser le pouvoir pour mener une belle révolution et récupérer notre France, une belle France.
Le combat d’Adama, nous le voulons rassembleur, que tu viennes du Nord, du Sud, que tu sois blond, roux, gay, lesbienne, musulman, athée, ça n’est pas le problème. Je veux que justice soit faite pour mon frère, que le système soit renversé. Et ça, je ne le ferai pas toute seule. Ce combat, il n’appartient plus à la famille Traoré. Si demain je dois aller en prison, toi Edouard, toi Geoffroy, vous vous devez de vous lever et de continuer le combat.
G. de L. — Tu es allée soutenir la grève des employés de nettoyage de la société Onet, à la gare du Nord, où travaille ta maman. Comment tu pourrais lier ce combat et la lutte que tu mènes aujourd’hui ?
A. T. — Le lien, je le fais directement avec ton livre, Edouard, Qui a tué mon père. Mon père aussi a été tué par ce système : le travail. Il travaillait dans le bâtiment, énormément. Les hommes comme mon père arrivent rarement à la retraite. Très peu profitent d’avoir travaillé autant. On allait les chercher au foyer, on les faisait travailler. Mon père est mort d’un cancer du poumon causé par l’amiante, nous étions très jeunes. Alors ma mère a dû partir se faire embaucher par ces sociétés de nettoyage.
“Et ton livre, dont le titre est très beau, pose une question importante : qui a tué nos parents ?” Assa Traoré
Et ton livre, dont le titre est très beau, pose une question importante : qui a tué nos parents ? Pourquoi ne se reposent-ils pas après avoir travaillé pendant cinquante ans ? On est maltraités aujourd’hui alors que nos parents ont contribué à construire ce pays. Ma mère se lève très très tôt, elle va faire le ménage dans les gares entre Sarcelles et Persan. J’espère que contrairement aux hommes, elle, elle pourra profiter de sa retraite. Quand la protestation à Onet a commencé, c’était la première fois qu’elle faisait grève… Elle m’a raconté qu’ils se sont organisés, qu’ils se relayaient. C’était solide, j’étais contente ! Mais je n’y suis pas allée tout de suite… C’était leur grève. Puis ma mère a été hospitalisée pour des problèmes de vue…
E. L. — A cause de son travail ?
A. T. — Beaucoup, oui. La poussière qui entre dans ses yeux… Elle travaille sur les quais. Elle est restée un mois à l’hôpital, et la mobilisation a continué. J’ai donc décidé d’y aller pour représenter ma mère. Lorsqu’on est arrivés avec Almamy (Kanouté, militant politique et responsable associatif – ndlr), tous les regards se sont tournés vers nous, alors que nous venions juste les soutenir. On venait faire grève avec eux. Mais pour eux, la jeunesse arrivait, c’étaient des forces en plus, et on a senti qu’ils étaient contents. Ces combats sont liés : ces emplois où la discrimination existe, où les salariés sont maltraités, ce sont des boîtes qui font des chiffres d’affaires en millions d’euros. On paie à peine les employés. Il faut dénoncer cette maltraitance physique et psychologique.
E. L. — Est-ce que ta mère formulait cette révolte ? La mienne a aussi été femme de ménage pendant plusieurs années, et elle avait beaucoup de mal à dire les difficultés de ce travail. C’était comme si j’étais plus indigné qu’elle par sa propre vie. Toi, est-ce que tu penses que ta mère s’est révoltée parce qu’elle t’a vue te révolter ? Comme une contamination des luttes politiques les unes par les autres…
A. T. — Oui, je pense. Ma mère est très fière de ce que l’on fait. Elle est discrète, refuse de passer dans les médias. Mais oui, en effet, il y a de la contamination. Aujourd’hui, les gens se lèvent les uns après les autres et je suis contente qu’on fasse partie de cette chaîne, qu’on en soit un maillon fort – parce que le combat Adama est un maillon fort –, qu’on ait ouvert des voies. La France utilise la précarité pour gouverner. Lorsqu’on attaque des gens qui ne gagnent pas beaucoup d’argent, qui ont un petit emploi et peur de le perdre, ils ne disent rien. Non pas parce qu’ils sont faibles, mais parce qu’il faut payer le loyer et nourrir les enfants. Et ça, la France le sait et l’utilise. Mais si on s’allie avec tous ces gens qui ont peur, on est plus forts. Du côté d’Onet comme d’Adama.
G. de L. — Je voudrais, pour terminer, évoquer la question de l’argent. Lorsqu’on parle de politique, on parle beaucoup des principes et des formes d’action mais on évoque rarement la question de l’argent. Or c’est essentiel pour mener les combats. L’Etat finance la police, ses frais de défense, alors que les familles doivent payer pour faire respecter leurs droits… La politique, c’est aussi une guerre économique, et c’est fou de penser qu’il faut payer pour avoir des droits, que la justice ait un rapport à l’argent.
“La France est une machine à non-lieux quand il s’agit d’affaires liées aux gendarmes ou aux policiers” Assa Traoré
A. T. — La France est une machine à non-lieux quand il s’agit d’affaires liées aux gendarmes ou aux policiers. Ça commence par là. Et pour détruire le combat des victimes, on détruit les familles en leur mettant plusieurs affaires sur le dos. Cela coûte énormément d’argent. Quand mon frère s’est fait tuer, nous n’avions pas de compte en banque au cas où Adama mourrait assassiné par les gendarmes. On parle beaucoup de droits, mais quand on n’a pas d’argent, il n’y a pas de justice. La France a conscience de tout ça. La France a conscience du fait que de nombreux citoyens ne savent pas utiliser leurs droits correctement et elle s’en sert. Tout ça, c’est travaillé.
Là encore, nous tentons de rééquilibrer les choses, nous rentrons dans un rapport de force avec l’Etat : le livre nous permet de rétablir la vérité mais aussi de récolter un peu d’argent. Nous avons lancé une cagnotte (vous pouvez contribuer à cette cagnotte via okpal.com/adama-traore – ndlr) qui doit nous aider et qu’il faut faire circuler. Aujourd’hui, mes frères cumulent plus de dix affaires judiciaires. Ce sont des prisonniers politiques. On les enferme parce qu’ils se battent pour Adama. Et tout ça n’est pas gratuit… L’Etat finance des institutions criminelles. Nous avons besoin d’argent pour pouvoir continuer cette lutte et renverser ce système. L’argent est le nerf de la guerre.
G. de L. — … Oui, en fait, il faudrait refuser de payer ses impôts et les donner à la cagnotte de la famille Traoré.
E. L. — … parce que sinon l’Etat utilise notre argent pour vous persécuter.
A. T. — Quand je dis qu’on est dans un monde antidémocratique et que l’Etat nous a mis en tête une disquette pour nous endormir, c’est ça. Aujourd’hui, on vit presque dans une dictature. Nous, quand on va devant la mairie pour exercer un droit, on se fait frapper et mettre en prison. Avec notre propre argent, dans notre propre pays, où nos grands-pères ont combattu. C’est incroyable quand même. Mais c’est vrai.
Lettre à Adama d’Assa Traoré, avec Elsa Vigoureux (Seuil), 192 p., 17 €
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