L’Odyssée de poche d’un enfant à la recherche de son père.
En quatre courts et deux longs, Damien Manivel a solidifié un geste cinématographique singulier. Observant avec patience des situations banales pour y déceler la part d’énigme, il pique sur l’envers du quotidien des fils de tension, de drôlerie ou d’inquiétude. Dans ses films, la dilatation du réel le charge paradoxalement d’une électricité à basse tension.
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Damien Manivel voulait filmer la neige et son collègue nippon Kohei Igarashi un enfant. La rencontre au Japon de Takara, 6 ans, a scellé ce désir commun. Takara peine à trouver le sommeil, erre dans sa maison endormie, et dessine des poissons. Le lendemain, il décide de se rendre en ville pour offrir son œuvre à son père.
L’argument de ce récit en forme de boucle scellée par l’amour filial est si ténu que le cinéaste n’y retrouve son sens de l’atmosphère que de manière diluée. L’assèchement de son système par un matériau plus anecdotique que jamais place l’édifice en équilibre précaire entre le geste poseur et l’invitation au sommeil.
Paradoxalement, c’est cet état d’engourdissement qui donne son charme à l’aventure miniature. Si le trajet du garçon dans la neige s’ébroue de micro-récits, sa tonalité principale est à un rapport somnambulique au monde, propre à l’enfance. Malgré ses élans aventuriers, Takara n’aspire qu’à retourner dans son lit pour s’y faire border par son père et rêver d’autres poissons.
Takara, la nuit où j’ai nagé de Damien Manivel et Kohei Igarashi, avec Takara Kogawa (Jap., Fr., 2017, 1h19)
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