Connue comme l’une des pires lignes de métro de Paris, la 13 va accueillir de nouveaux passagers avec la délocalisation du Palais de justice. Et les trajets risquent d’être encore plus cauchemardesques qu’ils ne le sont déjà.
Dans l’imaginaire commun parisien, la ligne 13 du métro hérite très souvent du titre officieux de « pire ligne de métro ». Une réputation peu flatteuse, qui ne risque pas de s’arranger. En effet, à cause de la délocalisation du Palais de justice dans la ZAC (Zone d’aménagement concerté) Clichy-Batignolles, dans le XVIIe arrondissement, plus de 9 000 nouveaux usagers pourraient être amenés à utiliser cette ligne, déjà bien au-dessus de ses capacités.
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Le casse-tête de la délocalisation du Palais de justice
Pour éviter une hausse de fréquentation conséquente sur la ligne 13, des travaux visant à rallonger la performante ligne 14 ont été entamés dès 2013, avec l’objectif qu’ils soient finis en 2017. Or, le chantier accumule les retards et les stations nécessaires ne verront le jour que d’ici 2020. Et ce alors que le taux de remplissage de la ligne 13 dépasse largement les 110% actuellement. Des décisions ont été prises pour améliorer la situation, comme des bus plus nombreux et le tramway T3 qui devrait desservir le Palais de justice d’ici la fin de l’année, mais celles-ci risquent bien de ne pas suffire.
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Tous les jours, ce sont déjà près de 650 000 personnes qui empruntent cette ligne, qui s’étend sur environ 25 kilomètres. Soit la plus longue du réseau parisien. Elle permet actuellement de relier Châtillon-Montrouge (sud de Paris), à Saint-Denis-Université d’une part et Asnières-Gennevilliers d’autre part (au nord de Paris), en se séparant en deux itinéraires distincts à partir de la – bien nommée – station La Fourche. Autre particularité, elle dessert les gares Saint-Lazare et Montparnasse ainsi que le Stade de France.
Retards, rames bondées, incidents voyageurs…
Raphaëlle, 22 ans, habite tout au bout de la ligne, à Châtillon-Montrouge. Si « l’affluence est beaucoup plus forte au nord », elle reconnaît que la ligne est « bondée à n’importe quelle heure, de n’importe quel jour, à partir de Saint-Lazare », avance-elle. « La ligne s’arrête très souvent. C’est rare de faire un trajet qui se déroule sans encombre. »
Floriane doit se rendre à Saint-Lazare chaque jour, en partant de Marie de Clichy. Parfois, elle effectue des trajets d’Invalides à Montparnasse. Mais dans tous les cas, la ligne 13 est un calvaire pour elle. « Les rames sont bondées le matin et le soir, ce qui entraîne des incidents quotidiens. J’arrive souvent en retard au travail à cause de ça, même en prenant de la marge. Les problèmes commencent très tôt le matin. La ligne est déjà désagréable à l’origine, mais alors quand il y a du monde c’est invivable », explique-t-elle.
« J’ai dû prendre un Uber pour aller au travail »
Parfois, les retards s’accumulent tellement que Floriane doit trouver d’autres solutions. « Plus d’une fois, j’ai dû prendre un Uber pour aller au travail à cause des problèmes sur la ligne. Et plus d’une fois, je suis rentrée à pied aussi », confesse-t-elle. « La ligne est saturée en permanence. »
Victor prenait lui la ligne 13 à la station Les Agnettes, près d’Asnières-Gennevilliers. « Dès 8h, le matin, il y a vraiment beaucoup, beaucoup de monde. Parfois il y a des clochards et tout le monde descend s’entasser dans un autre wagon. Il y a des poussettes qui prennent beaucoup de place. C’est un peu la galère », nous déclare-t-il.
Un tracé trop inégal ?
Mais pour lui, la situation de la ligne pourrait s’améliorer avec une meilleure logistique du tracé. « Il y a des stations un peu fantômes, comme Liège, Saint-François-Xavier. Des arrêts où il n’y pas beaucoup de monde, et personne ne descend. À l’inverse de grosses stations comme Saint-Lazare ou Montparnasse Bienvenüe », explique-t-il.
Donc tous les jours, les mêmes scènes d’agacement collectif et de ras-le-bol général se répètent. Et ce malgré la présence des agents RATP équipés de gilets orange, présents pour fluidifier le trafic, mais qui sont tout aussi dépassés par la situation que les usagers du métro.
Seul point positif : les soirs de match du Red Star, l’historique club de foot de la banlieue nord. « Métro mairie de Saint-Ouen. Au retour tout le monde chante dans le métro, c’est assez cool. C’est le seul moment où on peut voir des gens heureux dans la ligne 13 », conclut Victor, hilare.
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