[Spécial Bruxelles] Un marché bio, une salle de concerts mythique, un festival de création contemporaine incroyable… Quelques incontournables d’une ville qui mérite bien d’autres détours…
ALIMENTATION GENIALE
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Un marché bio pour valoriser le travail des producteurs, “premiers ouvriers du monde”.
L’utopie artistique franco-belge du collectif Sin, qui comprend notamment le musicien Flavien Berger et le vidéaste Robin Lachenal, dégage depuis mai 2017 son penchant ancré dans la vie quotidienne : un marché bio en face de la Porte de Hal, à Saint-Gilles. Née de la rencontre avec l’équipe de L’Heureux Nouveau, qui œuvrait déjà au rapprochement entre producteurs locaux et consommateurs, l’Alimentation Géniale s’engage pour un rapport à l’alimentation débarrassé des logiques de l’agroalimentaire. “J’ai passé vingt-cinq ans à me nourrir au Leclerc, raconte Erwan Evin. L’alimentation comme perspective d’assainissement de mon être a été un changement radical dans ma vie.”
Ce diplômé d’écoles d’art, ancien organisateur de soirées, s’invite dans la vie des gens en valorisant le travail des “premiers ouvriers du monde”, les producteurs. Erwan Evin a lancé le projet avec Anne Caraire, qui se définit comme “le cliché de la millennial bonne élève, avec des diplômes, qui a passé deux ans dans une grosse boîte avant de tout arrêter pour se lancer dans quelque chose de concret”. Bonus en faisant ses courses à l’Alimentation Géniale : des cartes blanches d’artistes sur les vitrines du magasin, et bientôt des conférences et un espace de vie. Erwan et Anne savent où ils vont : “On veut générer des situations.” M. de A.
KUNSTENFESTIVALDESARTS
Ce fleuron des festivals européens consacrés à la création contemporaine dans ce qu’elle a de plus vif est le lieu de toutes les découvertes.
Depuis 1994, le Kunstenfestivaldesarts se déroule chaque année durant trois semaines au mois de mai, dans une vingtaine de théâtres et de maisons des arts à Bruxelles mêlant dans son éclectique programmation internationale théâtre, danse, performance, cinéma et arts visuels. Ouvert à la diversité des langages artistiques, il réunit à chacune de ses éditions des artistes confirmés ainsi que de nombreuses nouvelles têtes.
Ainsi cette année on retrouvera Faustin Linyekula avec Banataba. Le danseur, chorégraphe et metteur en scène congolais investi le Musée royal de l’Afrique centrale de Tervuren pour un voyage en forme de retour symbolique dans le village de sa mère. Egalement présent avec sa nouvelle création qui sera présentée cet été au festival d’Avignon, Milo Rau, dans La Reprise, Histoire(s) du théâtre (I), se demande entre fiction et réalité, laquelle des deux est la plus coupable ?
Parmi les artistes incontournables de cette nouvelle édition, il faut noter El Conde de Torrefiel, Bruno Beltrão, Eszter Salamon, Jorge León et Amir Reza Koohestani avec sa nouvelle création Summerless. Comme il se doit, cinquante ans après les événements de Mai 68, un programme alternatif, The May Events, explorera la pluralité “des récits qui pourraient en découler, pour à la fois retracer une cartographie complexe du passé et examiner les multiples perspectives d’avenir”. H. P.
ART BRUSSELS
L’une des plus anciennes foires européennes très engagée au niveau local.
A chaque capitale sa foire d’art contemporain ou presque. A Bruxelles, elle s’appelle Art Brussels et fêtait en cette fin de mois d’avril son 50e anniversaire. Créée en 1968, c’est l’une des plus anciennes foires européennes, pouvant même se prévaloir de coiffer au poteau la rolls des foires Art Basel (1970), sa cousine parisienne la Fiac (1974) ou encore la Frieze à Londres (2003). Désormais installée sous la verrière des anciens entrepôts industriels de Tour et Taxis en bord de canal, elle rassemblait cette année 147 galeries originaires d’une trentaine de pays.
Derrière les chiffres, la réalité est celle d’une foire européenne voire locale, avec une grande majorité de galeries belges (Meessen De Clercq, dépendance, Xavier Hufkens, Rodolphe Janssen, Sorry We’re Closed) ou même franco-belges (Almine Rech, Michel Rein, Daniel Templon). “Cette année, nous revenons à nos racines avec un fort soutien des principales galeries belges”, réaffirme en effet Anne Vierstraete, la directrice générale. Marquer ce positionnement est loin d’être anodin. Les deux dernières années, la foire new-yorkaise Independent, branchée, pointue et qualitative, avait choisi de se doter d’un volet bruxellois durant la semaine d’Art Brussels. Le hic : le soutien indéfectible des puissants collectionneurs belges à leur foire, qui a cette année conduit à déplacer les dates de la nouvelle venue à novembre prochain. I. L.-G.
LE BOTANIQUE
Toute la fameuse nouvelle scène belge est passée par ce haut lieu de la musique.
Institution et lieu toujours central de la vie musicale bruxelloise, le Botanique soutient l’émergence de carrières dans le secteur des musiques actuelles, selon l’expression du jargon professionnel. “On accompagne environ 650 groupes par an, dont 35-40% d’artistes locaux, explique Paul-Henri Wauters, programmateur historique du lieu. Et parmi ces artistes locaux, on remarque que de plus en plus se retrouvent ensuite en têtes d’affiche de soirées et pas juste en support d’autres noms.” En gros, toute la fameuse nouvelle scène belge ou presque est passée par une résidence au Botanique avant que la reconnaissance, tant publique que médiatique, ne soit au rendez-vous. Et pour compléter sa mission de soutien à l’émergence au-delà de son programme régulier, le Botanique organise tous les ans Les Nuits, son gros festival sur différents espaces. Cette année, c’est la 25e édition. Elle se tiendra du 25 avril au 6 mai avec Angèle, Superorganism, Nakhane, L’Impératrice, Mortalcombat, Fakear, Voyou, Feu! Chatterton, Calypso Valois, Insecure Men ou encore Julien Doré, Charlotte Gainsbourg et Catherine Ringer. Le programme complet est à retrouver sur internet, ou IRL à Bruxelles. M. de A.
KANALl – CENTRE POMPIDOU BRUXELLES
Cet ambitieux projet de grand musée confirme l’attrait pour la capitale belge.
Il y avait Bozar, bienvenue à Kanal. Les noms de leurs institutions, les Belges les aiment courts et phonétiques. Bozar, c’est-à-dire le Palais des Beaux-Arts, on connaît : principal lieu culturel de Bruxelles, il rassemble en son sein des expositions mais aussi des événements de théâtre, de danse, de littérature ou de cinéma. Avec Kanal, en revanche, impossible de savoir encore à quoi s’attendre. C’est en effet sous ce nom qu’ouvrira le premier week-end de mai le site de préfiguration du futur Centre Pompidou Bruxelles, dont les travaux démarreront dans un an. A terme, le Centre Pompidou Bruxelles investira les quelques 35 000 m2 afin d’accueillir un musée d’Art moderne et contemporain, les collections d’architecture et d’urbanisme de la Fondation CIVA ainsi que des espaces publics où se dérouleront des projets temporaires.
Certes, la maison mère du Centre Pompidou parisien prêtera des œuvres mais la convention de dix ans prévoit également la constitution d’une collection propre au nouveau musée. Alors que la force du tissu artistique de Bruxelles repose historiquement sur ses initiatives privées (l’actuelle exposition du Wiels, Unexchangeable le rappelle, rassemblant une sélection d’œuvres historiques provenant de collections privées), les dents n’ont pas manqué de grincer lorsqu’a été officialisée la décision du Centre Pompidou de se doter d’un pôle belge. Indéniablement, Bruxelles attire – et pas que les jeunes artistes. I. L.-G.
MAD
Ouvert il y a un an, un musée du design et labo d’innovation pluridisciplinaire.
Comment faire une exposition sur une marque quand les créateurs eux-mêmes n’ont plus aucune pièce ? La première exposition mode du MAD, musée de design qui a ouvert à Bruxelles en avril 2017, se penche sur le travail de Thierry Rondenet et Hervé Yvrenogeau, fondateurs de OWN, marque de mode belge des années 2000. Comme le duo n’a rien conservé – “On voulait que les gens portent notre marque, pas que les vêtements dorment dans nos archives” –, il se tourne vers tous ceux qui ont acheté du OWN, et vers des collaborateurs artistiques qui offrent une lecture contemporaine de leur travail. Le résultat est une joyeuse réunion de talents et de sensibilités, où les compositions florales de Thierry Boutemy côtoient la céramique peinte de la jeune artiste Mariam Mazmishvili.
Une carte blanche pluridisciplinaire qui colle à la philosophie du lieu, à la fois musée de design et laboratoire d’innovation : le MAD est doté d’un incubateur de jeunes designers, le MAD Lab, qui leur donne ateliers et matériel afin de répondre à des problématiques de design sociétal. Ses dernières réalisations : des sacs fabriqués à partir de bâches de protection des travaux de la Grand Place, des bombers réfléchissants pour remplacer le gilet jaune fluo obligatoire pour les cyclistes et une fontaine d’eau potable qui se branche sur les bouches d’incendie. “On essaie de montrer que le métier de designer n’est pas toujours de faire quelque chose de simplement esthétique, explique Alexandra Lambert, directrice du MAD. C’est aussi répondre à un cahier de charges de besoins.” F. B.
{"type":"Banniere-Basse"}