Dans son livre, le critique dramatique Jean-Pierre Léonardini dissèque cette activité si particulière.
“On peut perfidement dire que le pain quotidien de la presse en général, ce n’est pas l’art, tout au plus vaguement la culture, mais bel et bien l’opinion, qu’au pire on définirait comme le substitut de l’idée chez ceux qui n’en ont pas. La critique, elle, a pour tâche l’affirmation d’un point de vue soupesé sur une délicate balance dont le curseur est le style.”
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Et il n’en manque pas de style, Jean-Pierre Léonardini qui – à la manière d’un Stendhal, un soir, sur le mont Janicule à Rome, se penche sur sa vie et fait le compte des femmes qu’il a aimées – parcourt sa carrière de critique de théâtre au travers des artistes, des amis et des poètes qui l’ont bouleversé. C’est une vaste entreprise d’admiration et de célébration, dans le désordre d’une vie qui se construit au fil d’événements, d’engagements, de rencontres et de ravissements.
Une traversée qui nous laisse estourbis
Une invitation au théâtre à travers “la mémoire en miettes d’un spectateur salarié dans un moment historique donné” qui, d’ébahissements en galéjades, s’amuse d’une vie menée de journaliste et critique dramatique au journal L’Humanité. Et l’on sort tout estourbi de cette traversée, de Marseille à Paris, d’Aragon à Kundera, de Festival d’Avignon en Festival d’Avignon, de Julian Beck et le Living Theatre à la querelle de fâcheux s’étalant dans le “postdramatique” qui n’a de “post” que le dramatique. Inquiet cependant,
comme Stendhal se demandant s’il sera lu dans cinquante ans, Léonardini se demande, lui, si depuis cinquante ans, il a été bien lu. Alors, si pour Baudelaire, “il est impossible qu’un poète ne contienne pas un critique”, à l’inverse, il est impossible que ce critique-là ne contienne pas un poète. Hervé Pons
Qu’ils crèvent les critiques ! (Les Solitaires Intempestifs), 192 p., 14 €
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