L’univers coloré et fantaisiste de l’illustratrice est à découvrir jusqu’au 20 mai à la galerie Artazart dans le Xe arrondissement de la capitale.
Coloré, dynamique et fantaisiste, l’univers visuel de l’illustratrice Léa Maupetit est une véritable invitation au voyage. Dans ses compositions, l’artiste nous balade à travers le jardin botanique de Naples, dans les marchés parisiens ou dans l’East Village. Diplômée d’un master en graphisme et formée à l’histoire de l’art, c’est dans l’illustration que la jeune femme exerce aujourd’hui, déployant ainsi l’ensemble de ses aspirations artistiques. Jusqu’au 20 mai, la plasticienne présente son exposition Le Printemps de Léa Maupetit à la librairie Artazart à Paris. L’occasion de partir à la rencontre de cette artiste « boulimique d’images ».
D’où vient ton amour pour l’illustration ?
Léa Maupetit : Il vient de mon amour pour la littérature jeunesse. Ma mère m’avait inscrite à l’école des loisirs. Pour moi, c’est l’une des maisons d’éditions piliers d’une certaine culture de l’image et de l’illustration. Quand j’étais petite, je voulais collectionner les images. À chaque fois que j’avais une nouvelle boîte de feutres, c’était une véritable fête. Je pouvais les classer par couleurs. C’est d’ailleurs quelque chose que je continue de faire aujourd’hui. À cet amour de la couleur et du motif, s’agrège un fort intérêt pour l’image due à ma formation en histoire de l’art.
Ton usage de la couleur rappelle celui d’Henri Matisse. Te reconnais-tu dans son travail ?
On me le dit souvent et j’en suis très heureuse mais en même temps, je me dis que je suis l’énième personne à peindre comme lui. D’un autre côté, c’est une base sur laquelle je peux m’appuyer sereinement car j’adore son travail mais j’essaye de puiser ailleurs.
Il y a des artistes contemporains que tu estimes particulièrement que ça soit en illustration ou dans d’autres domaines ?
Récemment, je suis allée à la galerie Yvon Lambert voir l’exposition d’un artiste qui s’appelle Philippe Weisbecker. Son travail est à la croisée entre art et technique. Il se rapproche presque des illustrations de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert. J’adore ce qu’il fait. Et en dessin contemporain j’admire le travail de Paul Cox. Il a été formé aux Arts Décoratifs de Strasbourg. Il a une approche qui est pour moi très intellectuelle, en se questionnant sur le dessin, sur ce qu’est la ligne, la couleur. Son travail est très beau.
Tout comme ce plasticien, il semble que tu intellectualises ton travail …
Je pense que ça vient de mes études en histoire de l’art mais aussi de ma formation en graphisme où nous étions habitués à présenter notre travail et à le défendre. Quand je peins, j’ai envie de raccrocher ce que fait à des images déjà existantes. J’ai l’impression de me situer sur un fil où il y a plein d’images, qui ont existé avant moi et j’apporte à un instant T ma contribution. C’est important de faire références aux artistes passés.
Peut-on revenir sur ton processus de création ?
Souvent je crée une image parce que j’ai vu une scène dans un film, ou une personne porter un pull coloré. Très rapidement je vais faire un croquis et sélectionner mes couleurs. Il y a aussi plusieurs productions qui démarrent parce que je vais avoir acheté un nouveau tube de couleur. Il y a une peinture de trois femmes nues rouges que j’ai réalisée après un voyage en Chine où j’avais acheté un tube de rouge impérial. C’est un rouge que tu vois partout là-bas sur les monuments impériaux. Quand je suis revenue, mon envie de peindre est venue de la couleur elle-même.
As-tu d’autres pratiques artistiques ?
Je fais beaucoup de céramique. Je vais à un atelier une fois par semaine car j’adore les contenants. Dans la céramique, il y a à la fois l’intérêt du modelage mais aussi du motif. C’est une manière différente d’aborder la peinture, en 3D, qui est intéressante. J’ai l’impression de désacraliser la peinture comme ça. C’est une manière de faire vivre une œuvre autrement en lui apportant une dimension fonctionnelle.
J’ai l’impression que les voyages habitent tes créations. Est-ce que certains pays t’ont plus marqué que d’autres ?
L’Italie c’est une histoire d’amour de fou que je vais expliquer par un détour. Je vois une filiation entre ma peinture et la nourriture. J’ai l’impression d’être dans une même célébration de vie lorsque je mange et lorsque je peins. Pour moi, l’Italie représente ça, l’abondance, le soleil, la peinture. C’est le pays de l’amour. J’ai aussi l’impression de représenter l’ambiance d’un pays par rapport à sa faune et sa flore. J’aime observer les fruits et légumes sur les étales des marchés et constater les différences d’un pays à l’autre. C’est un lien très fort, la peinture et la nourriture. J’ai un côté un peu botaniste, naturaliste et j’aime puiser dans ces scènes du quotidien.
On va finir avec le thème de ton exposition. Pourquoi avoir choisi le printemps ?
On a tissé une relation assez forte avec Carl d’Artazart et il y a quelques mois on a décidé d’y exposer mon travail. L’idée a germé et on à décidé de la démarrer à l’arrivée du beau temps. Le titre Le Printemps de Léa Maupetit est venu comme une sorte de référence au Printemps de Botticelli. C’est une forme de réécriture d’un thème récurrent dans l’histoire de l’art et c’est une saison que j’adore et qui correspond aux motifs que j’aime peindre.
Tes mots de la fin ?
Tant qu’il y a de la couleur, il y a de la joie.
Le Printemps de Léa Maupetit à la galerie Artazart , 83 quai de Valmy, 75010 Paris, jusqu’au 20 mai 2018.