Lors de son discours à la conférence des évêques de France le 9 avril, Emmanuel Macron a “franchi la ligne rouge”, selon le chef de file de la France insoumise.
Le discours d’Emmanuel Macron à la conférence des évêques de France le 9 avril a outré Jean-Luc Mélenchon. Pour le chef de file de la France insoumise, le président de la République a “franchi une ligne rouge” en déclarant notamment : “Nous partageons confusément le sentiment que le lien entre l’Eglise et l’Etat s’est abîmé, et qu’il nous importe à vous comme à moi de le réparer.”
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“Même Sarkozy n’allait pas aussi loin”
“Une ligne rouge a été franchie. Même Sarkozy n’allait pas aussi loin. Le lien entre l’Eglise et l’Etat n’est pas abîmé, il a été rompu, c’est l’essence même de la loi de 1905”, a estimé le député des Bouches-du-Rhône, lors d’un échange avec quelques journalistes dans son bureau à l’Assemblée nationale.
Lors de son discours au collège des Bernardins, Emmanuel Macron a également appelé les catholiques à s’“engager politiquement dans notre débat national et dans notre débat européen car [leur] foi est une part d’engagement dont ce débat a besoin”. Une invitation absurde et dangereuse pour Jean-Luc Mélenchon, inquiet de cette rupture dans “l’ordre laïc”, craignant même que le président souhaite réviser la loi de 1905.
J’appelle les catholiques à s’engager politiquement.
Votre foi est une part d’engagement dont notre politique a besoin. #DialogueEgliseEtat— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) April 9, 2018
“Dès lors qu’une religion a un statut spécifique, elle tend à occuper tout l’espace. Le mélange des genres est mortel”, prévient celui qui était déjà monté au créneau quand Nicolas Sarkozy avait été nommé chanoine honoraire de Latran, la paroisse du Vatican à Rome.
“Il veut être le chef de la droite”
Pour le président du groupe LFI à l’Assemblée, la démarche du chef de l’Etat ne fait cependant pas mystère : “C’est un choix politique”, estime-t-il.
» [Emmanuel Macron] veut être le chef de la droite. Il sait que ce ne sont pas les start-up et les fonds de pension qui vont lui assurer une base suffisante. Sa base idéologique est très étroite. Il a dit lui-même qu’il était le fruit d’une effraction. Il cherche donc à l’élargir. Il multiplie les signes qui sont des clins d’œil au vieux fond réac du pays. «
Pour mémoire, Emmanuel Macron avait déclaré en février 2017 au sujet de La Manif pour tous : “On a humilié cette France-là”. Le président de la République chercherait donc à renforcer ses affinités électives avec les catholiques traditionalistes, qui constituent une partie de l’électorat de droite, pour renforcer son socle politique.
“L’ordre laïc sera rétabli”
“C’est une affaire symbolique qui vise à préempter un champ politique. Il sait que toutes les batailles politiques sont des batailles pour l’hégémonie culturelle. La droite étant hégémonique en Europe, il se dit que c’est de ce côté-là que souffle le vent”, avance Jean-Luc Mélenchon, empruntant ces concepts politiques au philosophe italien Antonio Gramsci. Quoi qu’il arrive, “l’ordre laïc sera rétabli”, promet le défenseur de la séparation des Eglises et de l’Etat, qui compte prendre contact avec d’autres personnalités politiques pour faire obstacle à cette offensive.
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