Et c’est à découvrir dans le premier album de cet Américain en direct de Porto Rico.
Derrière ses lunettes fumées, assis dans le coin d’un café, Otura Mun évoque sans transition la religion yoruba, Kendrick Lamar, le skateboard, la nécessité du vocoder et sa passion pour la rumba cubaine et le dancehall. Cette juxtaposition, en quelques minutes de discussion, explique presque à elle seule le premier album de son projet ÌFÉ, un truc complètement non identifié, jamais entendu avant, futuriste d’une façon bien singulière. “J’aime l’idée de challenger la musique moderne, dit-il. Surtout en y apportant des choses traditionnelles que les jeunes puissent comprendre.”
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A 41 ans, cet Américain, installé à Porto Rico depuis des années, s’inspire des improvisations venues du jazz, des musiques caribéennes et des chants sacrés yoruba, religion dans la généalogie africaine du vaudou, dont Otura Mun est devenu prêtre en parallèle de sa carrière musicale. A tout ça, il superpose des harmonies hallucinées au vocoder, donc, mais aussi des bidouillages électroniques et des ritournelles soul hyper catchy, qu’on s’étonnerait à peine d’entendre dans un mégatube à la radio. Ça fait beaucoup d’informations d’un coup, pourtant la musique d’ÌFÉ est d’une beauté limpide.
Otura Mun vient d’une petite ville de l’Indiana, à trois heures de Chicago, dans l’Illinois voisin. Il a été élevé au rock et au hip-hop, comme tous les kids autour de lui. Mais pendant un voyage après ses études (il se destinait à une carrière universitaire), il débarque à Porto Rico et… c’est un bouleversement. Il découvre la rumba cubaine et la religion yoruba, qui lui permet de “découvrir le monde d’une nouvelle façon” et de “remettre en question les représentations qui paraissent acquises”. Depuis, il vit là-bas, à San Juan, et partage sa vie entre la spiritualité et la musique. Il a trouvé une “raison de vivre” au service des orishas, les divinités yoruba, et dans la mise en modernité des sonorités insulaires. Encore une fois, ça fait beaucoup d’informations. Le plus efficace étant d’écouter cet album sans a priori.
concerts le 13 avril à Bordeaux, le 14 à La Rochelle, le 15 à Lyon
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