La globalisation honnie, c’est aussi la mise en pointillés des frontières culturelles, la redéfinition des territoires influents. Il y a peu, le Nord ? en gros, au-dessus du Channel ? dominait outrageusement l’Europe pop. De notre côté de la Manche, la révolution se bricolait, tranquillement, lentement, discrètement. Des rebonds élastiques de Dionysos aux fines constructions […]
La globalisation honnie, c’est aussi la mise en pointillés des frontières culturelles, la redéfinition des territoires influents. Il y a peu, le Nord ? en gros, au-dessus du Channel ? dominait outrageusement l’Europe pop. De notre côté de la Manche, la révolution se bricolait, tranquillement, lentement, discrètement. Des rebonds élastiques de Dionysos aux fines constructions de Tahiti 80, les coqs rageurs ont bien assimilé les leçons du partage des tâches et n’envisagent plus de laisser au bulldog nombriliste le diktat d’un monopole pop ou rock, désormais appellations d’origines incontrôlées.
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A Télécran, cette fois, de tirer les premiers. Et de montrer qu’il est ici possible de faire de la musique d’obédience populaire sans forcément faire sonner ses guitares comme du plastique chaud, sans céder à la nappe synthétique réglementaire. Car on l’aimerait populaire, cet excellent Stupide machine, avec son rock poète, malin et racé. Car dès Les Poissons volants, le groupe impose son élégante aptitude mélodique et dynamique. Penchant pour la virevolte et l’inventivité confirmé sur Alpine, aux guitares fières, entremêlées sur un rythme discrètement exotique, sur le très beau Manon ou sur le classique et tubesque Le Nouveau. Plus loin, Je me jette, aux guitares éloquentes, ou Péplum et Chanson plate étonnent par leur efficacité rythmique et leurs petites inventions mélodiques. Avec humour, Télécran se défait des clichés rock rances et franchouillards : la valse des complexes inaugurée en France par le hip-hop et les musiques électroniques a enfin résolument déteint sur le rock d’ici.
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