Dans son livre « Le vieux monde est de retour », Pascale Tournier, rédactrice en chef adjointe à « La Vie », identifie les nouveaux visages de la droite conservatrice. Et note les signaux envoyés par Emmanuel Macron à ses fers de lance.
Le 25 septembre 2015, la jeune Eugénie Bastié, tout juste engagée à la rédaction du Figaro, déclarait tout de go sur le plateau de Ce soir ou jamais : « Le vieux monde est de retour, monsieur Attali« .
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Trois ans plus tard, le libéral Emmanuel Macron, entre-temps entré à l’Élysée, soigne son image auprès des conservateurs. C’est en tout cas ce qu’analyse Pascale Tournier dans son livre Le vieux monde est de retour, qui paraît le 28 mars. La rédactrice en chef adjointe de La Vie s’est intéressée à ces « nouveaux conservateurs », « ‘anarchrists’, dandys de droite, tories à la française [du petit nom des conservateurs anglais, ndlr.], spiritualistes, identitaires ou bioconservateurs » apparus dans le sillage de la Manif pour tous.
Les « vrais » anti-Macron
Représentés chez les éditorialistes par des figures comme Alain Finkielkraut, ou la précédemment citée Eugénie Bastié, ces nouveaux conservateurs constituent l’opposition conservatrice, voire réactionnaire au président. En témoigne Valeurs actuelles, le journal de la droite conservatrice, qui le 18 octobre 2018 mettait en une les visages de Alain Finkielkraut, Eric Zemmour et Michel Onfray bâillonnés, sous le titre « Les vrais anti-Macron ».
Pourtant, Pascale Tournier voit dans les prises de paroles d’Emmanuel Macron de fréquents appels du pied à cette frange de la droite. Analysant les discours du président, elle y relève l’emploi d’un lexique qui fait signal – comme l’expression « culture de mort » empruntée au pape Jean-Paul II et utilisée lors de l’hommage rendu par le président au père Jacques Hamel, tué à l’été 2016 par deux jeunes se revendiquant de Daech.
Un choix de mots vraisemblablement soufflé au président par son conseiller chargé « des discours et de la mémoire », Sylvain Fort. Germaniste et grand admirateur de Saint-Exupéry, il a par le passé croisé la route de la droite, celle de Laurent Wauquiez notamment. En 2017, raconte encore Pascale Tournier, il a reçu à l’Élysée Alain Finkielkrault, Eugénie Bastié et Régis Debray. Motif : « tempérer les attaques » des éditorialistes de droite sur les aspects les plus libéraux de la politique présidentielle. Une drôle de rencontre entre « ancien monde » et « nouveau monde », opposition chère à Emmanuel Macron.
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