Si Hope Sandoval (Mazzy Star) ou l’ancien guitariste de Suede (Bernard Butler) viennent épauler Jansch pour Edge of a Dream, c’est à la façon dont Ry Cooder ou Van Morrison s’invitèrent ces dernières années sur les disques de John Lee Hooker. Car Jansch aura fait autant pour les musiques traditionnelles britanniques que le bluesman pour […]
Si Hope Sandoval (Mazzy Star) ou l’ancien guitariste de Suede (Bernard Butler) viennent épauler Jansch pour Edge of a Dream, c’est à la façon dont Ry Cooder ou Van Morrison s’invitèrent ces dernières années sur les disques de John Lee Hooker. Car Jansch aura fait autant pour les musiques traditionnelles britanniques que le bluesman pour celles du delta du Mississippi : âpre, imprévisible et ensorcelant, son jeu de guitare trouva, dans les années 70, un écho chez Nick Drake et Neil Young, comme sur les disques de Led Zeppelin ; et les chansons de son premier album enregistré, dèche oblige, sur des instruments empruntés, une place de choix dans les répertoires de Marianne Faithfull ou Donovan. En 1965, cet Ecossais au chant caillouteux fit ainsi figure de rival de Bob Dylan, avant de devenir, en solo ou au sein de Pentangle, une figure légendaire du folk. Un folk gandin, qui aurait égayé sabots et houppelande laineuse d’emprunts canailles aux élégants dandys du blues ou du jazz, Charles Mingus en tête.
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De cette largeur de vue, Edge of a Dream atteste trente-cinq ans plus tard : peu d’albums se risqueraient à accueillir le batteur des tumultueux My Bloody Valentine comme le revenant folk Ralph McTell. A l’exception du féerique All That Remains (susurré par Hope Sandoval, ce polisson paradoxe au caractère de cochon et au chant de papillon), Jansch affiche pourtant ici un net penchant pour les duos et trios dépouillés. Edge of a Dream s’épanouit ainsi dans un registre frugal, rural, estival et confirme l’antique fonction critique du folk : la dernière chanson, Bright Sunny Morning, traite de la tragédie du 11 Septembre avec un naturel dénué de toute velléité belliqueuse qui aurait fait honneur au Dylan pré-électricité.
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