La sitcom gay friendly de NBC, revient après un break de onze ans. Et elle est peut-être encore plus pertinente que quand elle était partie.
Onze ans après avoir fêté son dernier épisode – qui ne fut donc pas le dernier –, Will & Grace revient pour une neuvième saison, histoire d’ajouter une touche de camp à la télé américaine qui en manquait un peu. Née l’année où la France gagnait la Coupe du monde, cette sitcom à la forme old school et aux thèmes progressistes ne pouvait pas ignorer la vague nostalgique qui emporte le petit écran.
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Après l’été et son Twin Peaks retors mais splendide, l’automne accueille des retours de flamme en comédie. Sur HBO, Larry David a relancé Curb Your Enthusiasm avec pour slogan la permanence même (“Il est parti. Il n’a rien fait. Il est revenu”).
Un instinct et une vista toujours acérés
Toujours aux mains du duo Max Mutchnick et David Kohan (frère de Jenji Kohan, la créatrice de Orange Is the New Black), Will & Grace a aussi le souci de ne pas révolutionner sa nature profonde. Elle reste un océan de répliques bitchy et de comique de gêne… mais avec un souci aigu des transformations en cours dans le réel.
https://youtu.be/Yk0ofCcma2Q
Will (Eric McCormack) l’avocat gay, Grace (Debra Messing) la décoratrice hétéro, Jack (Sean Hayes) le meilleur ami gay du premier et Karen (Megan Mullally) l’assistante richissime – car mariée à un homme d’affaires – de la seconde, existent à nouveau pour raconter leur vie de New-Yorkais à la fois drôles et égocentriques. Le déluge de vannes n’a pas perdu son swing, malgré le maintien des rires enregistrés. La désuétude des éclairages et des cadres n’est jamais un problème, sans doute parce que l’enjeu profond se trouve ailleurs.
Will & Grace montre un instinct et une vista assez rares. Il y a un an, le cast et les auteurs s’étaient retrouvés, dans l’urgence de la campagne électorale américaine, pour lancer un appel collectif à voter Hillary Clinton. Soit un mini-épisode de dix minutes où les acteurs retrouvaient leurs personnages, pour la première fois depuis 2006. Vue plusieurs millions de fois, la vidéo a redonné aux un(es) et aux autres le désir d’en faire plus. NBC a offert seize nouveaux épisodes à la bande.
Une analyse des rapports hommes-femmes et des réflexes sexistes
Cette neuvième saison débute par un bel épisode où Grace, via un tour de passe-passe scénaristique joyeusement improbable, se retrouve en charge de la re-décoration du bureau ovale de la Maison Blanche, après l’arrivée du nouveau locataire, celui que l’on sait. Le dernier plan montre sa petite touche personnelle, sous la forme d’une casquette rouge emblématique, posée sur le fauteuil du Président, avec un slogan brodé en lettres blanches : “Make America gay again.”
Aujourd’hui, Will & Grace n’est plus accusée de mettre en scène de manière outrancière la vie des homosexuels (le personnage de Jack, “folle” typique et méchante très nineties, fut critiqué en son temps), même si les séries actuelles offrent une diversité de représentations queer dont elle reste éloignée.
“Depuis le début, nous avons toujours éclairé l’hypocrisie et les choses discutables qui se passent dans notre culture – que ce soit la culture pop ou la politique – de manière débordante, pour déclencher le rire”, a expliqué récemment à Vanity Fair l’actrice principale, Debra Messing.
Contemporaine, Will & Grace l’est aussi dans sa manière d’analyser les rapports hommes-femmes et les réflexes sexistes. Au début de l’épisode trois, quand Grace arrive dans l’appartement avec un petit sourire, Jack lui lance, amusé : “Si j’étais hétéro, je te regarderais avec des yeux de porc et je te demanderais de sourire encore plus”, référence directe à l’un des motifs les plus remarqués du harcèlement de rue. Voilà comment une série de 1998 devient une série de 2017.
Will & Grace sur NBC
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