Le duo Saint Michel perd un membre et ses équilibres savants.
En 2013, on découvrait les ambitieux Français de Saint Michel, dont les productions futuristes envisageaient, avec la même curiosité technologique, le pareil toupet sonique d’une partie du hip-hop, une autre façon de faire de la pop en France. Une outre-pop où le travail de laborantin de studio était constamment au diapason d’une écriture à l’ancienne. On s’émerveilla de cet équilibre miraculeux entre soundmaking et songwriting : il ne dura pas.
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Des chansons plus déguisées qu’habillées
Désormais seul aux commandes, après le départ d’Emile Larroche, Philippe Thuillier joue une musique plus technique, plus physique et dansante, mais moins sublimée par les tensions internes. Ingénieur, voire ingénieux du son, le Versaillais est sans doute moins habile dans la confection d’un refrain flamboyant, moins à l’aise dans l’excentricité pop. Mais plus efficace sur le groove et le suave. The Two of Us manque pourtant cruellement de ces luttes intimes entre son et chanson, qui inscrivaient les mélodies du duo dans une étrange démesure, avec raie de côté et air angélique. D’où parfois l’impression de coquille vide de ce deuxième album, qui emballe magnifiquement, avec un soin cinglé du détail, des chansons qui n’en sont pas vraiment – et qui ressortent plus déguisées qu’habillées.
Saint Michel – The Two of Us (Un Plan Simple/Sony)
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