Une pétition, signée par plusieurs centaines de médecins québecois, s’opposent à l’augmentation de leur salaire prévue par le gouvernement. Et demandent une meilleure redistribution des revenus entre professionnels de la santé.
Only in Canada… Dans une pétition lancée le 25 février au Québec, plusieurs centaines de médecins s’opposent à leur augmentation de salaire, décidée par le gouvernement de la province.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Les 743 signataires demandent que « les hausses salariales octroyées aux médecins soient annulées » et redistribuées entre les travailleuses et travailleurs de la santé, le tout au bénéfice des patients.
» Ces augmentations sont d’autant plus choquantes que nos collègues infirmières et infirmiers, préposéEs, commis et autres professionnelLEs subissent des conditions de travail très difficiles tandis que nos patientEs vivent avec le manque d’accès aux services requis à cause des coupures draconiennes des dernières années et la centralisation du pouvoir au ministère de la Santé. «
Rends l’argent
Décrit comme « éminemment canadien » par le Washington Post, ce geste traduit un vrai enjeu pour le système de santé québécois. Au Québec, en effet, le système de santé est public, donc la rémunération des médecins dépend principalement de l’État. En 10 ans, le salaire des médecins généralistes a ainsi été augmenté de 75% tandis que celui des spécialistes a été multiplié par deux. Le gouvernement fédéral prévoit l’allocation de 300 millions d’euros supplémentaires au fonds dédié à la rémunération des médecins.
http://www.youtube.com/watch?v=QosDt2TQFtc
De l’autre côté, les conditions de travail des professionnels de la santé (ou plutôt des professionnelles, car il s’agit principalement d’infirmières) se sont durcies. En témoigne un post Facebook publié le 29 janvier par une infirmière, Émilie Ricard. Rapidement devenu viral, le texte fait état d’un épuisement généralisé : « Je suis brisée par mon métier, j’ai honte de la pauvreté des soins que je prodigue dans la mesure du possible. Mon système de santé est malade et mourant », écrit-elle.
Du côté de la Fédération des médecins, qui a négocié l’accord, on défend un « équilibrage des salaires » des médecins par rapport à ceux des autres provinces, jusqu’ici plus élevés.
10 heures d’attentes aux urgences
Pour les patients, une trop forte hausse des salaires des médecins n’est pas non plus une bonne nouvelle. Depuis que ces derniers ont vu leurs revenus augmenter, ils ont en effet ralenti le rythme de leurs consultations, allongeant considérablement les délais de rendez-vous, surtout en ce qui concerne les spécialistes.
Dans la presse québécoise les récits de malades patientant dix heures aux urgences sont quotidiens. La Fédération De la Santé et des Services sociaux déplore ainsi que la majorité des budgets alloués à la santé soit ponctionnée par les médecins, et surtout par les médecins privés, au détriment des hôpitaux. Il y a « un décalage, un débalancement, entre ce qui va aux établissements de santé et ce qui va à la rémunération médicale« , explique André-Pierre Contandriopoulos, professeur émérite à l’École de santé publique de l’Université de Montréal, au micro de Radio-Canada. Selon lui, la hausse de 4,2% des dépenses de santé décidée par le gouvernement est « accaparée par la rémunération des médecins et pendant ce temps, ne peut pas être utilisée dans le reste du système« .
Le budget des urgences montréalaises aurait ainsi été amputé d’environ 7 millions de dollars canadiens (4.4 millions d’euros) chaque année depuis 2016. Un système de vases communicants qui fait grincer des dents, d’autant plus que le ministre de la Santé, lui-même ancien radiologue, avait réclamé ces augmentations alors qu’il était encore à la tête de la Fédération des médecins spécialistes…
{"type":"Banniere-Basse"}