Petit protégé de Solange, Starchild & The New Romantic incarne avec son premier album toute la richesse de la Great Black Music actuelle. Voire des décennies à venir.
“Je suis encore jeune et j’essaie parfois de me convaincre que je peux apporter quelque chose à d’autres musiciens. Ce n’est pas facile parce que je suis timide et que j’ai constamment peur que l’on me rejette…” Cette phrase, lâchée l’air de rien en fin d’interview, dit bien toute la modestie et le perfectionnisme qui semblent habiter Bryndon Cook, révélé ces dernières semaines sous l’alias Starchild & The New Romantic et nommé ainsi en hommage à l’alter ego de George Clinton, Garry “Starchild” Shider.
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Modeste et perfectionniste
Modestie, car l’Américain, à seulement 24 ans, a accompagné Solange sur sa tournée, collaboré avec Kindness ou Porches, monté un groupe avec Blood Orange (Veilhymn) et séduit le toujours exigeant label Ghostly International. Perfectionniste, car son premier album, Language, témoigne d’une poussée de fièvre créative, fait preuve d’une minutie incroyable et est porté par des compositions sexy et un savoir-faire musical évident, apte à séduire les radios.
“A 12 ans, je composais déjà avec un pote, précise-t-il. Il était à la flûte, j’étais au saxophone et on avait réalisé une composition pour un travail en cours de musique. Depuis, je me suis forcé à apprendre un nouvel instrument tous les ans en m’imprégnant des méthodes et des compositions d’artistes que j’apprécie.” Starchild apprend ainsi le piano en écoutant les disques de Lionel Richie et la batterie en s’intéressant au rythme dans les morceaux de Rick James. C’est presque une obsession chez lui, ça le rassure, l’incite à toujours envisager de nouvelles possibilités : “J’ai toujours rêvé d’être multi-instrumentiste pour pouvoir faire ce que je voulais et n’avoir aucune limite.”
Sans limite
Des limites, ce natif du Maryland, passé par Atlanta, où il assiste à ses premiers concerts (OutKast, Soulja Boy, Usher…), et aujourd’hui installé à New York, ne s’en impose pas. Inspiré du funk des années 1980, et particulièrement de 1999 de Prince, Language fonctionne certes comme une machine à remonter le temps, mais il serait pourtant difficile d’invoquer seulement la nostalgie et de ne pas y entendre les jolies trouvailles d’un jeune musicien qui, lucide, serein, refuse de rester figé dans une identité musicale et joue au puzzle avec des références disparates (soul, r’n’b, hip-hop).
De véritables morceaux
Ecouter Some People I Know, Black Diamond ou encore la chanson-titre (une merveille !), c’est donc entendre des tubes foncièrement modernes, des pépites groovy et de vrais morceaux singuliers, avec une âme et un sexe. Un de ses objectifs, apparemment : “Lorsque mon ep Crucial est sorti en 2016, des journalistes disaient qu’il manquait de véritable morceaux. Ça m’a affecté. Donc là, j’ai fait en sorte de composer des titres qui peuvent se nourrir les uns les autres, qui font sens une fois mis bout à bout mais qui peuvent également s’écouter séparément. Ce qui est plutôt logique quand on sait que ce disque a été grandement enregistré sur la route, pendant mes tournées avec Solange ou Kindness, par exemple.”
Ecouter les quatorze morceaux de Language, c’est aussi se confronter à la richesse des musiques noires. Bryndon Cook l’assume d’ailleurs pleinement, lui qui dit avoir composé Mood en apprenant la mort de Prince, qui ne cesse de faire des clins d’œil au new jack swing, qui avoue rêver de composer des albums que Stevie Wonder aurait pu faire et qui souhaite avant tout prouver que la Great Black Music ne peut se résumer à une esthétique, qu’elle peut encore et toujours se renouveler. Voilà sans doute pourquoi l’on entend autant ses souvenirs de mélomanes et de cœur sur Language (Prince, donc, mais aussi Sade et les Jackson, Janet et Michael).
Renouer avec la spontanéité de la pop music et du r’n’b
Voilà sans doute également pourquoi Bryndon Cook refuse de faire de Starchild & The New Romantic un projet purement politique. Les références sont là, les thèmes également, mais lui préfère avant tout miser sur l’énergie : “Récemment, la politique américaine a pris une direction critique, à laquelle on ne s’attendait pas vraiment… Mais je veux éviter de trop intellectualiser, je veux renouer avec la spontanéité de la pop music et du r’n’b, mettre au premier plan toute la positivité et les bonnes vibrations que l’on peut trouver au sein de ces genres musicaux.”
Avant de conclure l’interview, Bryndon Cook confesse travailler actuellement avec des artistes féminines dont il est obligé de taire le nom. On comprend alors que, à l’image de Frank Ocean ou de Solange, son œuvre, à la fois intimiste et évidente, est vouée à faire date.
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