Matteo Salvini, leader du parti d’extrême droite Lega qu’il a su tirer de son enlisement régionaliste pour atteindre 18% aux élections législatives, est en passe de devenir une figure majeure de la scène politique italienne.
« Les Italiens d’abord ! » Derrière ce slogan, Matteo Salvini, chef de la Ligue (parti d’extrême droite) a su réunir 18,5 % des suffrages lors des élections italiennes du dimanche 4 mars. Cet ancien régionaliste de 44 ans, « ami de Marine Le Pen », « admirateur de Vladimir Poutine », aux positions foncièrement xénophobes, revendique désormais « le droit et le devoir de gouverner. »
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« Les Italiens ont choisi »
Si les résultats des élections législatives ont laissé l’Italie en proie à l’incertitude – Matteo Renzi a annoncé sa démission suite au score historiquement bas du Parti Démocrate (PD) (moins de 20 %) et Silvio Berlusconi (Forza Italia) a définitivement manqué son retour en comptabilisant seulement 13,5 % des voix -, Matteo Salvini a su ressusciter l’ancienne Ligue du Nord, parti régionaliste agonisant pour amener la coalition de droite (alliance entre Forza Italia, la Ligue et le groupuscule néo-fasciste Fratelli d’Italia) à 35 % des suffrages.
« Les Italiens ont choisi: l’équipe gouvernementale sera au centre-droit », a-t-il affirmé, auprès de Il Populista, peu décidé à partager le pouvoir avec le M5S, parti dirigé par Luigi Di Maio réunissant environ 30 % des voix.
De la Ligue du Nord au nationalisme
Son récent succès a néanmoins nécessité une refonte complète de l’image de l’ex-Ligue du Nord (LN) fondée en 1989 et rebaptisée plus sobrement « Lega » en 2018, rompant avec ses origines indépendantistes, en faveur d’une sécession de la Padanie (La Plaine de Pô), pour attirer un plus large électorat.
Le slogan « Je suis Lombard, je vote Lombard » de ses débuts, porté par « il senatùr » Umberto Bossi qui avait séduit le jeune Salvani, âgé de 17 lorsqu’il a rejoint le parti, s’est effacé au profit d’un programme nationaliste afin de sortir d’une crise qui s’était soldée par un suffrage de 4% aux législatives de 2013.
Une ascension fulgurante donc, pour le leader piémontais devenu secrétaire fédéral de LN en 2013 puis député européen en 2014. A l’époque, il s’était rendu à Lyon pour un congrès du Front National. « J’admire le FN pour avoir su parler à tous : riches et pauvres, gauche et droite, » avait-il déclaré quand Marine Le Pen lui assurait sa sympathie en affirmant : « C’est un type remarquable, il a de très grandes qualités politiques. »
« La Padanie sera indépendante avant que j’aie mon diplôme »
Avant de parvenir sur les devants de la scène, Salvini a débuté comme conseiller municipal à Milan, sa ville natale. Un poste qu’il a occupé pendant vingt ans, de 1993 à 2013 après un baccalauréat classique et un collège catholique. Il s’est également consacré, avec plus ou moins d’application, à des études d’histoire restées inachevées. « La Padanie sera indépendante avant que j’aie mon diplôme », commentait-il avec ironie.
Il choisit finalement la voix du journalisme en intégrant l’équipe du quotidien La Padania et de la radio Padania Libera, deux organes proches de son parti politique.
« Tous les jeux sont ouverts »
Devenu, désormais, une figure majeure de la vie politique italienne en surfant sur la crise migratoire et le sentiment de méfiance à l’égard de l’Europe, il a changé d’ennemi, visant non plus le diktat de Rome mais la bureaucratie de Bruxelles.
Omniprésent dans les médias et très actif sur les réseaux sociaux, il a dû modérer son discours depuis 2009, lorsqu’il chantait fièrement à une fête de parti : « Sens-moi cette puanteur, même les chiens s’enfuient, c’est que les Napolitains sont arrivés. »
« J’ai tout entendu: je suis un criminel, un raciste, un fasciste. Je fais peur à une petite fille de 7 ans (dont la mère adoptive a raconté qu’elle avait peur d’être renvoyée en Afrique). Elle ne doit pas avoir peur. Ce sont les trafiquants de drogue nigérians qui doivent avoir très peur de Salvini », a-t-il lancé en fin de campagne, rapporte Libération.
Malgré ce récent succès, rien n’est joué pour Salvini, d’ici la réunion des Chambres pour élire leur président le 23 mars prochain, « tous les jeux sont ouverts », nous expliquait Marc Lazar, spécialiste de la vie politique italienne, au lendemain des élections.
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