Un homme désemparé s’abandonne à son devenir-chien. Plus gênant qu’étrange.
En matière de symbolique animale, les chiens sont vraiment pratiques. On peut leur prêter les qualités les plus ambivalentes : image de la loyauté sans faille ou de la meute aveugle, de la sauvagerie, de la saleté, de l’asservissement ou encore de l’abandon de toute dignité.
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Pour le sixième titre d’une filmo de navets bizarroïdes qui commence à sérieusement piquer les yeux, Samuel Benchetrit s’est donc employé à explorer cette image-là. Il l’a plaquée sur un acteur, Vincent Macaigne (acteur-chien s’il en est, pour la énième fois en train de gratter à la porte d’un foyer dont on l’avait chassé), et sur un schéma, la déchéance personnelle sur fond de violence sociale.
Groland sans la poésie
Concrètement : un type perd femme et emploi et se lie avec un directeur d’animalerie qui entreprend d’anéantir l’humain en lui, en le dressant comme un chien, ce qui somme toute convient bien à son tempérament totalement falot. S’installe un climat d’étrangeté antiréaliste (utile à Benchetrit : peu importe qu’on ne croie à aucune situation puisque c’est fait exprès), mêlé de déprime périurbaine grisâtre.
On voit où le film vise : chez les gars de Groland et leurs échappées ciné arty dont on retrouve un visage (Bouli Lanners) et la plupart des défauts, mais pas la vague poésie. Banalement cynique, férocement nul : libre à chacun de s’émouvoir ou non de ce que Benchetrit ne s’affiche pas en défenseur des chiens, mais accordons-nous sur le fait qu’il n’est pas le meilleur ami de l’homme.
Chien de Samuel Benchetrit (Fr., 2017, 1 h 34)
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