Hier soir sur LCI s’est tenu le débat opposant les quatre candidats au poste de premier secrétaire du Parti Socialiste. Un rendez-vous marqué par la déroute du quinquennat précédent.
La soirée d’hier a vu les quatre candidats au poste de premier secrétaire du Parti Socialiste s’opposer lors d’un débat télévisé. Durant une heure et demie, Olivier Faure, Luc Carvounas, Emmanuel Maurel et Stéphane Le Foll ont confronté leurs opinions sur le plateau de LCI. L’occasion de dresser bilan du quinquennat Hollande et d’envisager l’avenir du PS. Ou comment marquer ses positions en se démarquant de ses adversaires, en vue de l’élection qui se tiendra les 15 et 29 mars prochain, prélude au congrès à Aubervilliers les 7 et 8 avril au cours duquel sera désigné le nouveau chef.
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Pas franchement emballés par ce rendez-vous médiatique, les quatre candidats ont finalement accepté de participer au débat animé par Arlette Chabot. Une démonstration axée autour de trois grands thèmes : la gestion du PS et son alliance possible avec la France Insoumise, les propositions des candidats et le défi européen. Une soirée qui n’a eu que peu de succès, le pic d’audience ayant été atteint à 21h29, avec 260.000 téléspectateurs. En comparaison, début 2017, le premier débat de la primaire PS élargie pour la présidentielle avait attiré 3,8 millions de téléspectateurs.
Des rôles bien définis
Une minute trente de présentation aura été suffisante pour cerner et comprendre les positions de chacun. L’ancien maire d’Alfortville Luc Carvounas, fils de prolétaire, a revendiqué sa « fierté d’être socialiste » et son « obsession de gagner« . Il appelle à un renouveau du PS, en faveur d’une « gauche arc-en-ciel« . Pour l’ex-ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll, son attachement à la Sarthe se conjugue à sa fidélité à François Hollande. Il aspire à créer une ligne directrice forte au sein du parti.
Le député de Seine-et-Marne Olivier Faure, déjà patron des députés socialistes, entend rassembler, réinventer la gauche, « réapprendre à dire nous » et « faire confiance à de nouveaux visages« . Enfin, après l’échec du PS, le député européen Emmanuel Maurel veut « tourner la page » en « renouant avec les fondamentaux« , et plaide pour un « socialisme décomplexé, fier de sa vision du monde« .
Devoir d’inventaire
Premières divergences, le bilan du quinquennat Hollande. Les candidats se sont attardés sur les échecs du PS. L’occasion, pour chacun, d’entériner sa vision du parti, à l’aune d’un possible renouveau. Luc Carvounas, agacé par ce constant retour vers le passé et le rappel de son soutien à Manuel Valls, commente : « il faut faire un devoir d’inventaire, mais tout n’est pas à jeter« .
Catégorique, de son côté, Stéphane Le Foll réfute tout regard passéiste, demandant à « se relever et avoir de la fierté« . Et questionne : « Le passé n’a-t-il pas été purgé avec les élections ?« . S’opposant à Le Foll, Emmanuel Maurel affirme sa volonté de « tirer les conséquences politiques de ce qui nous est arrivé« . Évoquant la « déception » des Français, il déclare : « Quand nous parlons avec les gens, ils nous disent : ‘On ne vous en veut pas d’avoir échoué, on vous en veut de ne pas avoir essayé’« .
Un appel du pied aux Insoumis
Sur l’avenir du PS et les possibilités d’une alliance avec la France Insoumise, Emmanuel Morel, proche de Jean-Luc Mélanchon, répond par un appel à se mobiliser, notamment lors de la manifestation du 22 mars prochain. Et envisage, ainsi, d’éventuelles alliances avec les divers partis de la gauche.
De son côté, Luc Carvounas revient à la « gauche arc-en-ciel » dont il a fait sa devise, et qui inclut la gauche radicale. « Il n’y a pas de gauche irréconciliable« , plaide-t-il, tout en nuançant, « s’il [Jean-Luc Mélanchon] souhaite discuter avec nous… » Olivier Faure conclut : « c’est lui qui ne souhaite pas cette union« .
Synthèse molle
Sur la posture à adopter pour le PS, deux attitudes se sont dégagées. Emmanuel Maurel revendique une « opposition frontale« , condamnant le gouvernement Macron pour son atteinte au modèle social français. « Quand on a la droite en face de nous, on n’a pas à réfléchir à être intelligent ou non. On est dans l’opposition, point barre !« , a t-il clamé. Une position partagée par Luc Carvounas, qui soutient « je suis l’opposition« .
De leur côté, Olivier Faure et Stéphane Le Foll ne veulent pas être dans « l’opposition systématique« . Faure revendique ses qualités de lanceur d’alerte – sur la déchéance de nationalité notamment -, et la manière dont il parvenu à rassembler le parti lors de sa déroute. Un sens du consensus moqué par Luc Carvounas. « Pardon Stéphane et Olivier, mais la synthèse molle, on a vu là où ça nous a menés. Et quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup !, a-t-il répliqué, faisant allusion à l’expression célèbre prononcée par Martine Aubry, pour fustiger le « flou » de François Hollande.
« Sans Parti Socialiste fort, il n y aura pas d’alternance possible à gauche face au pouvoir actuel« , a déclaré Olivier Faure, maintenant son appel au rassemblement. « Pourquoi un chef devrait-il diviser ? La division, on a déjà essayé« , a-t-il conclu.
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