Les Anglais brisent leur image de glace et de retenue, pour un album plus charnel, plus vif. Critique et écoute.
Première bonne nouvelle à l’écoute de ce troisième album : We Have Band ressemble toujours à We Have Band. Deuxième bonne nouvelle : tout en restant fidèle à son identité, le trio continue d’explorer celle-ci en approfondissant ses idées, en élargissant le propos et en assumant ce qui, jusqu’à présent, semblait freiné par un art très anglais de la retenue, voire de la pose. C’est-à-dire qu’il y a toujours ces entremêlements électroniques et instrumentaux, toujours les voix de Darren et Thomas qui se superposent et toujours celle de la compagne de ce dernier, Dede, qui semble jouer à chat avec les harmonies en s’épanouissant dans la maîtrise du chant/contrechant.
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Ce qui change vraiment, au fond, c’est l’aspect de l’ensemble. Les couleurs sont moins nacrées, et donc plus vives. Les formes aussi sont plus distinctes, quittant la rondeur pour des angles plus serrés. Le titre de l’album ? Movements, ou comment les formes et les couleurs s’articulent de façon intime et complexe, tout en restant dans le champ universel de la pop-song revigorante.
Faire coïncider l’énergie et l’instrospection
Considéré ces dernières années comme un des beaux espoirs de la scène anglaise, We Have Band n’aura bientôt plus grand-chose à envier à une de ses prestigieuses références : tout comme Hot Chip, le groupe sait de mieux en mieux faire coïncider introspection et ambition dansante, rigueur d’écriture et liberté formelle.
Sur Movements, c’est flagrant. Couplets exaltés et refrains planants, ou bien l’inverse : la recette fonctionne à la perfection sur Modulate, Save Myself, No More Time ou l’irrésistible Someone. Mais il n’y a pas de systématisme. Sur Heart Jump par exemple, où Dede chante seule, tout est bizarre et inquiétant (il faut bien écouter cette guitare du diable qui surgit au milieu du morceau). Puis sur Every Stone, à la fin de l’album, c’est l’abandon de toute pensée : d’où peuvent bien venir ce riff si simple et cette mélodie si entêtante, ritournelle bouleversante ne semblant répondre à aucune structure ? On trouvera peut-être la réponse dans le quatrième album de We Have Band, auquel on pense déjà en rêvassant.
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