Entre Occident et Extrême-Orient, un fascinant premier album transgenre. Critique et écoute.
Un bref coup d’oeil à son CV éclatant suffit à le constater. Active dans la mode, la photographie et le journalisme (elle écrit régulièrement pour le webzine Dis Magazine), Fatima Al Qadiri s’amuse des étiquettes, se plaît à mélanger les genres et les disciplines. L’hypothèse affleure à l’écoute d’Asiatisch, où cette New-Yorkaise originaire du Koweït (elle a également vécu au Sénégal et à Londres) fait preuve d’une inventivité ahurissante, croisant avec audace la poésie chinoise aux sonorités abruptes et minimales du grime.
Cette science complexe du rythme et de l’expérimentation, on la retrouve particulièrement dans Shanzhai (réinterprétation osée du Nothing Compares 2 U de Sinéad O’Connor), Dragon Tattoo et Shanghai Freeway, triptyque prodigieux qui semble explorer toutes les possibilités musicales du monde actuel, alliant le r’n’b aux mélodies pop, la world-music à des beats hip-hop éblouissants. En ce sens, Asiatisch est une oeuvre radicale et visionnaire, l’une des plus bizarrement séduisantes qu’il nous ait été permis d’entendre ces dernières années.