Deuxième album d’une héroïne du folk underground US. Quarante-quatre ans après le premier. Critique et écoute.
La résurrection artistique de Linda Perhacs allonge la liste de ces miraculés – Vashti Bunyan, Gary Higgins, Bill Fay… – sauvés de l’oubli par la grâce des rééditions pointilleuses de ces dernières années. Tous ont pour point commun d’avoir publié sans succès un ou deux albums au carrefour des années 60 et 70 avant de s’évaporer en silence.
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Linda Perhacs, songwriter américaine dont on n’a jamais épuisé l’unique album, Parallelograms, sorti en 1970, a ainsi fait l’objet d’une quête patiente de ses admirateurs, qui finirent par la convaincre de reprendre du service à l’âge des camomilles. Une de ses chansons ultrasensibles avait notamment atterri dans le road-movie de Daft Punk, Electroma, émoustillant la curiosité à propos de cette chanteuse aux incisives si peu longues qu’elle avait choisi par dépit d’embrasser une carrière de dentiste.
Plus récemment, c’est Julia Holter, l’une de ses disciples les plus évidentes, qui a accompagné son retour aux affaires, et plus de quatre décennies après son chef-d’oeuvre maudit, la revoilà donc presque intacte, la voix déjà légèrement voilée de ses 20 ans n’ayant pas trop subi d’outrage.
Avec son orchestration aérienne tout en ressacs envoûtants, la chanson-titre de The Soul of All Natural Things replonge immédiatement dans les territoires magiques qu’elle avait trop longtemps désertés, pour accélérer en une espèce de flamenco et se replier à nouveau tel un songe. En dix tableaux méticuleux et hors du temps, traversés parfois de ces ondes cosmiques qui agitaient déjà leurs aînés (Prisms of Glass), Linda Perhacs rattrape le temps perdu avec cette grâce de jeune fille en fleur dans laquelle nos souvenirs l’avaient figée.
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