Le deuxième album de ces Rennais est une immense réserve de merveilles et de joies. Critique et écoute.
On conservait jusqu’à il y a peu, au creux de la poche, un précieux trésor. Un raviveur de joies, un rehausseur de bonheur et la preuve que le souvenir n’avait pas été un songe : une courte vidéo du concert des dix Rennais qui composent Mermonte sur scène, lors de leur concert au Festival de musique émergente (au Québec) l’année dernière.
Enchantements du futur
Dix belles personnes, dix beaux sourires, un ensemble vibrant d’un plaisir vital, visible et communicatif, deux batteries qui, en front de scène et face à face, couraient une chamade fauve ou imprimaient une horlogerie métronomique, des cordes voltigeant dans de grandioses arabesques, des guitares douces ou magmatiques, des dénivelés vertigineux, les respirations de tous lors des grands calmes, les accélérations cardiaques lors des glorieuses montées vers le big-bang sonique.
On peut désormais rêver d’enchantements au futur. Car Mermonte, vainqueur du concours inRocKs Lab en 2012, auteur la même année d’un premier album à l’increvable splendeur, revient avec sa suite Audiorama, justement nourrie par ses (trop rares) expériences scéniques. On a reçu Audiorama il y a quelques semaines, en même temps que les Rennais en dévoilaient le premier extrait, le très éclatant et éclairant Karel Fracapane – dédicace magnifique, chacun des dix titres de l’album porte le nom d’un proche de Ghislain Fracapane, clé de voûte du groupe.
Magie mélodique
On n’a, depuis, jamais cessé de s’y replonger. Les jours de pluie ou de joie, sous le ciel bleu ou les lunes rousses, dans les nuits noires comme blanches, en pleine tempête ou dans la pétole. Mais les conditions intimes initiales, pourtant, n’importent finalement jamais : comme un Godspeed concis (Cécile Arendarski ou Cédric Achenza, monumentales), un Mogwai en mousse, un Sufjan Stevens rugueux (Angélique Beaulieu, sautillant puzzle, superbes et riches Fanny Giroud ou Gaëtan Heuzé), la magie mélodique d’Audiorama, ses arrangements pléthoriques et ardents, sa logique fugueuse et sa géométrie fougueuse, sa kraut-pop de conte de fées remodèlent à chaque fois les humeurs, vers un grand beau dans lequel on se lovera encore sans doute quelques années.
Concert le 24 juin à Paris (Point Ephémère)