Joie immense, fierté, 120 battements par minute de Robin Campillo a remporté six César. En montant sur scène pour recevoir celui du meilleur film, Marie-Ange Luciani, productrice avec Hugues Charbonneau, est revenue sur l’importance des luttes.
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Emotion intense, sa main gauche, qui tenait son discours, tremblait. Mais ses mots étaient forts, puissants, bien décidés à trouver un écho. “Je dois à celles et ceux qui se sont battus avant nous le droit de pouvoir parler devant vous ce soir, le droit de pouvoir voter, le droit de me marier avec une femme”, expliquait-elle. Revenant sur #Metoo, sur le soulèvement et la prise de parole des femmes “qui réclament le droit à la justice”, elle eut cette formule, d’une grande justesse : “Ce n’est pas une menace, mais une promesse. L’histoire nous dira que nous avions raison.”
“Tu seras viril mon kid/Je ne veux voir aucune once féminine”
C’est pleins de cette promesse que nous avons abordé le bouclage de ce numéro. En couverture, le chanteur-rappeur de Créteil à l’ascension étourdissante, Eddy de Pretto, qui vient de sortir un excellent premier album, Cure. On a découvert de Pretto cet été. Une dégaine, survêt-baskets, un corps frêle, ce timbre si particulier, une écriture crue, ciselée. Il chantait Fête de trop, un titre nocturne qui retrace ses excès, ses errances, “ses rails en avance”, et surtout Kid, où de Pretto dénonce d’une voix puissante, dont on comprend qu’on ne la fera pas taire, la “virilité abusive”. “Tu seras viril mon kid/Je ne veux voir aucune once féminine”, chantait-il, croquant en quelques punchlines cette masculinité condamnée à ne montrer aucune émotion.
Ce titre, hymne générationnel, je l’ai reçu, comme beaucoup, telle une promesse. Celle d’une jeunesse bien déterminée à en finir avec la domination masculine, avec ce mythe de la virilité, étouffante et nocive pour tant d’hommes et de femmes. La promesse qu’une autre société, un autre érotisme, un nouvel ordre amoureux sont possibles.
Où est la mode ?, se demande-t-on aussi à l’occasion de ce numéro spécial. Précisément là, dans cette remise en question des normes, des codes et des habitudes de consommation. Chez ces jeunes créateurs et collectifs qui ne veulent plus des ravages de la fast-fashion et tentent de mettre en place un système plus respectueux de l’humain et de la planète ; ou encore chez Avoc, duo “parisien au sens PNL du terme”, inventant la silhouette d’un Grand Paris postgenre, postclasse. Incluant avant tout.
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