Toujours à la lisière des genres, un beau cadeau azuréen, à consommer frais. Critique et écoute.
Krautrock, indie-pop, rock synthétique, cocktail disco à la française ou encore jazz-house à ses débuts : Joakim a imposé une identité trouble mais forte sur la scène hexagonale. Il incarne une excentricité et une élégance que partagent aussi ses collègues Ivan Smagghe, Nicolas Ker ou Etienne Jaumet.
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Baignant aujourd’hui autant dans la techno (son excellent side-project Crowdspacer) que dans l’art (ses collaborations avec Camille Henrot), il sert un nouvel album/pot-pourri, comme à son habitude, passant du coq à l’âne mais tendant vers une sensualité tropicale qu’on lui connaissait peu. Bidouillé en analogique dans un coin de son domicile new-yorkais, Tropics of Love est une affaire très mellow, empreinte d’indie-r’n’b, de chillwave et d’effluves balnéaires, qui grimpe par douces vagues.
Les prélassements les plus langoureux se trouvent en début de parcours, avec la pop FM à palmiers de Bring Your Love (soutenue par les vocalises exaltées du chanteur de The Rapture) et le très romantique Heartbeats. Mais, sous la plage, les pavés, et Joakim change de sujet sans prévenir : clin d’oeil à l’avant-garde avec le collage Chapter 2, jam electro autobiographique avec le tubesque This Is My Life, et paysage ambient drone avec la belle suite Hero, pour ne citer qu’eux.
L’humeur est pourtant bien au songe et au plaisir, comme le réaffirme sur la fin une reprise inattendue du On the Beach de Neil Young. Dépassant dans la foulée Radiohead à l’exercice, elle transpose le blues exténué de l’original dans un slow électronique scintillant de grâce, caressé par le saxophone d’Etienne Jaumet, qui expose à lui seul tout le raffinement et la chaleur de Joakim. Détendu mais incarné, Tropics of Love dépeint un été 2014 de volupté et de nostalgie.
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