L’artiste russe dissident Piotr Pavlenski, exilé en France depuis janvier 2017, ne porte pas la banque dans son cœur. Il a été arrêté ce matin après avoir incendié la façade de la Banque de France, place de la Bastille.
Contrairement à la croyance populaire, brûler un billet de banque n’est pas illégal. En revanche, brûler la banque, si. C’est ce que va rapidement découvrir Piotr Pavlenski, arrêté ce matin, lundi 16 octobre, pour avoir incendié la façade de la Banque de France dans la nuit de dimanche à lundi.
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Piotr Pavlenski, artistie russe qui avait été emprisonné en Russie, a mis le feu devant la banque de France. Images @sarahconstantin pic.twitter.com/EBxSwJf7Yv
— Julien Pain (@JulienPain) October 16, 2017
Performeur pyromane
Piotr Pavlenski est connu pour ses méthodes radicales. Dissident russe maintes fois appréhendé dans son pays, l’artiste performeur n’hésite pas à donner de sa personne pour faire entendre sa révolte. En 2012, il s’était cousu la bouche pour protester contre l’arrestation des Pussy Riot. La mutilation physique devient entre ses mains un instrument politique. Son credo: dénoncer les dérives autoritaires du pouvoir russe, mais également pointer du doigt les différentes institutions. Ainsi, il se coupe un lobe d’oreille, assis sur le mur de l’institut psychiatrique Serbski. Une autre fois, il se cloue les testicules entre les pavés de la place Rouge (Moscou) à l’occasion de la Journée de la police. A l’instar de l’artiste française Orlan, Pavlenski utilise la mutilation comme art contestataire. Mais parfois, il n’hésite pas à mutiler les bâtiments.
En 2015, il incendie le quartier général du FSB (les services secrets russes). Une performance coup de poing qui n’est pas sans rappeler l’incendie de la Banque de France. Depuis, Piotr Pavlenski a obtenu l’asile politique en France. Visiblement, le chantre de l’art contestataire n’en a pas qu’après le régime russe. Dans son viseur: tout ce qui ressemble de près ou de loin à de la domination. En réponse à la violence institutionnelle, le performeur répond par une violence moins symbolique.
Raviver la flamme de la Révolution française?
Inna Shevchenko, le célèbre activiste membre des Femen, a relayé et traduit le message de revendication de l’artiste, sur Twitter. « La Bastille a été détruite par le peuple révolté (…). Sur ce même lieu un nouveau foyer d’esclavage a été bâti, la banque, qui trahit les révolutionnaires », écrit Piotr Pavlenski. « La Banque de France a pris la place de la Bastille, les banquiers ont pris la place des monarques », fustige-t-il dans son pamphlet.
Petr #Pavlenskiy sur son action devant la Banque de France. #Павленский о сегодняшней акции в Париже 👇🏼 @tvrain @EchoMskRu @galerist pic.twitter.com/45M3JkL4uF
— inna shevchenko (@femeninna) October 16, 2017
Après la répression policière, Pavlenski compte bien s’attaquer au pouvoir des banques, symbolisé par la Banque de France. Cette banque centrale, placée sous l’égide de la BCE (Banque centrale européenne), a pour mission d’assurer la stabilité monétaire.
La banque fermée « jusqu’à nouvel ordre »
L’incendie, maîtrisé à temps, n’a endommagé que l’extérieur du bâtiment. Néanmoins, les dégâts sont suffisamment importants pour justifier une fermeture de l’établissement. En fin de matinée, des ouvriers étaient toujours à pied d’œuvre pour déblayer les débris calcinés.
« La succursale ne sera pas ouverte jusqu’à nouvel ordre. La Banque de France ne pourra pas assurer ses services auprès des particuliers et des entreprises », a déclaré à l’AFP un porte-parole de la Banque de France.
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