Le point commun entre Booba, Jain et Orelsan ? Ils ont tous travaillé avec le duo de clippeurs, seuls Français nommés aux derniers Grammy Awards.
Greg & Lio sont rentrés de New York. Ils y étaient pour la 60e cérémonie des Grammy Awards, où ils étaient nommés dans la catégorie du meilleur clip avec Makeba, qu’ils ont réalisé pour Jain. (Pour elle, ils ont également signé les clips de Come et Dynabeat.) C’est finalement Dave Meyers qui l’a emporté avec le Humble de Kendrick Lamar, mais la victoire était déjà un peu là, car un peu ailleurs : Greg & Lio étaient les seuls Français nommés cette année à la grand-messe de la pop culture, toutes catégories confondues. “C’était un gros kiff de se retrouver parmi tout ce beau monde, raconte Lio. Le simple fait d’être nommé, c’était fou. Surtout face à des clips de Jay Z et Kendrick Lamar.”
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Greg & Lio ont appris leur nomination par le manager de Jain. C’est le label US de cette dernière qui les a inscrits, et voilà. Depuis, ils ont également participé aux Victoires de la musique avec le clip de Basique, un long plan-séquence tourné au drone pour Orelsan. Cette fois, ils ont gagné. Avec plus de 45 millions de vues sur YouTube, Basique restera un des clips français les plus marquants de ces derniers mois, comme ce fut le cas pour d’autres clips réalisés par Greg & Lio dans le passé.
Booba, James Morrison, Kaaris, Jenifer…
Jimmy de Booba ? C’est eux. Demons de James Morrison ? Eux aussi. Or noir de Kaaris ? Encore eux. Inachevés de Casseurs Flowters ? Toujours eux. Sur le fil de Jenifer ? Eux également, parce qu’il a fallu travailler et faire ses preuves avant de se retrouver nommés aux Grammy Awards 2018.
“On est des touche-à-tout, explique Greg. On aime bien expérimenter des choses différentes. Je crois qu’on sait s’adapter aux personnalités des artistes avec qui on travaille.”
Ils ont toutefois inventé un style bien à eux ces dernières années. Entre illusions de mises en scène et gros effets spéciaux teintés de surréalisme, les deux garçons ont su imposer leur vision en jouant avec des budgets souvent ridicules dans le monde du clip, faute de réels investissements de la part des maisons de disques.
Autre marque de fabrique de Greg & Lio : ils aiment cacher des choses dans leurs clips, comme ces références discrètes à la discographie de Booba dans les rues que traverse le personnage de Jimmy. Ou comme chez Orelsan, où un petit garçon parle en ukrainien. Il est sous-titré : “Tout va bien.” Mais dit en réalité la chose suivante : “Ne croyez pas ce qui est écrit.” Une façon ludique de penser le format clip à l’heure où tout se passe à travers les réseaux sociaux et leurs commentaires. “Beaucoup se reposent sur leurs acquis en termes de clips, estime Lio. Nous, quand on accepte un projet, on essaye d’apporter quelque chose de novateur à chaque fois.”
Deux parcours, un seul projet
Lionel Hirlé a 31 ans. Grégory Ohrel en a 33. Les deux sont nés à Strasbourg mais c’est à Paris, où ils vivent désormais, qu’ils se sont rencontrés pendant leurs études à l’Ecole supérieure de réalisation audiovisuelle (Esra). Nous sommes alors en 2004 et les deux garçons, chacun de leur côté, pensent plutôt à des carrières dans le cinéma. Ils y pensent toujours aujourd’hui, d’ailleurs.
“Le clip a remplacé le court métrage dans mon cœur, dit Greg. C’est parfait pour apprendre, même s’il y a rarement des dialogues et une narration.”
Quand ils parlent de leurs références, Greg & Lio évoquent en premier lieu Michel Gondry et Spike Jonze – tous deux passés ensuite au cinéma – ou encore Chris Cunningham.
En attendant, comme beaucoup de clippeurs peu (ou pas) payés faute de budget, ils gagnent leur vie en réalisant des pubs venues des boîtes de prod avec lesquelles ils travaillent. Jo-Wilfried Tsonga tout sourire en buvant du jus d’orange ? C’est eux. Cette famille hyper fan d’électroménager ? Encore eux. Des projets qu’ils réalisent en rêvant de cinéma et de clips à gros budgets, comme par exemple – et presque par hasard – le Humble de Dave Meyers pour Kendrick Lamar. Et même qu’un jour, peut-être, ils reviendront des Grammy Awards avec une statuette dorée.
Maxime de Abreu
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