Interview au calme avec Clara et Armand avant le concert complet prévu à La Cigale jeudi soir !
On ne quitte plus les chansons d’Agar Agar depuis deux ans. Après la mise en ligne de leur tout premier morceau sur ces pages web, le groupe avait assuré un concert spécial devant le kiosque de la place Saint-Michel (Paris) pour le lancement de la nouvelle formule des Inrockuptibles. Après leur premier EP très prometteur, Cardan, paru à la fin septembre 2016 et un top single You’re High sorti à l’orée du mois de février 2017, le duo est enfin de retour avec un titre tout neuf, Fangs out, premier extrait de leur premier album. On y retrouve d’ailleurs la comédienne de Grave – nommée au César du meilleur espoir féminin cette année – Garance Marillier (et en Une de notre magazine cette semaine).
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Pas de précipitation, le disque ne sortira qu’en septembre, après un long été. Avant cela le duo ira faire un tour chez nos voisins américains. Dans cette vidéo réalisée par William Laboury (déjà à l’œuvre avec Bonnie Banane) il n’y a qu’un pas entre réalité et “vision alternative” – le terme “réalité virtuelle” étant à leur goût mal choisi –, entre l’homme et l’animal.
Petite interview avec Agar Agar
À cette occasion, on a pu s’entretenir par mail avec Clara et Armand pour glaner quelques informations sur le clip de Fangs Out, sur leur album à paraître (toujours chez Cracki Records) et sur cette tournée américaine. C’est d’une seule voix qu’ils ont répondu à nos questions.
Est-ce que, comme pour votre précédent EP, vous avez composé les morceaux de l’album à partir de jams ?
Agar Agar – Ça dépend des titres. Comme l’EP a été composé sur une période assez courte, la méthode était sensiblement la même pour chaque morceau. Au contraire, certains titres de l’album ont été composés il y a plus d’un an maintenant, alors que d’autres ne sont tout simplement pas encore nés. Certains morceaux sont nés de textes, d’ambiances, d’autres sont venus tout naturellement après s’être amusés avec les synthés pendant quinze minutes. Dans tous les cas on pense qu’il est important de se tenir à quelque chose de très spontané, peu expliqué en amont. C’est une façon efficace de s’entendre en travaillant directement dans la matière qui nous intéresse, sans détour.
Avec ce clip, vous développez une identité visuelle forte très marquée par la réalité virtuelle. C’est une DA visuelle que vous voulez garder pour vos prochaines vidéos ?
Il est prévu qu’on travaille sur et avec de la VR prochainement, mais ce ne sera pas une constante. Tout dépend évidemment de ce que les morceaux racontent. La VR dans ce clip n’est pas un sujet, c’est un outil métaphorique. Notre but est de trouver, pour chaque morceau, la bonne métaphore visuelle, elle sera donc certainement différente à chaque fois.
Cette dualité entre fiction et réalité va être un thème fil rouge de votre prochain disque ?
Plus ou moins. En fait l’album va clairement parler de fiction et réalité, mais justement en ne considérant pas ces deux termes comme une dualité cartésienne. Penser le réel comme n’étant pas fictionnel (et inversement) ne fait plus sens aujourd’hui, et n’a certainement jamais été très pertinent d’ailleurs. L’invention humaine a toujours constitué une grande part du réel, quant au réel pur (qui est une idée), il ne peut se concevoir que si l’on considère la fiction suffisamment importante pour que l’on ait à se demander si ce que l’on perçoit est bien réel. Et cette question n’est pas très intéressante. Dans tous les cas, une des forces de l’être humain est sa capacité à fabriquer son réel, et c’est quelque chose qui va s’accentuer avec les siècles. Par exemple ce qu’on voit dans un masque de VR n’est pas plus “fictionnel” que cette interview, qui n’existe que parce que certaines personnes en ont décidé ainsi. D’ailleurs le terme “réalité virtuelle” est assez mal choisi puisque le mot “virtuel” signifie “ce qui n’existe pas encore”, alors que ce qu’on voit dans le masque existe déjà, on peut en faire l’expérience. Si ça ne tenait qu’à nous, on appellerait ça un truc du genre “vision alternative”.
Pourquoi avoir choisi de bosser avec William Laboury ?
C’est assez simple, on a eu envie de le rencontrer pour faire un clip après avoir vu des courts-métrages qu’il a réalisés. Dès la première discussion, c’était assez tendu, on a commencé à s’engueuler, on était en désaccord sur à peu près tout. On a failli se foutre sur la gueule. Du coup on s’est dit qu’il fallait absolument travailler ensemble sur ce clip.
Comment s’est passée cette collaboration ? C’est vous qui avez écrit le scénario de la vidéo ? Où vous avez laissé carte blanche à William ?
D’abord on s’est échangé plein d’images, on lui a parlé du texte, et après il est arrivé avec une idée d’histoire. Ensuite tout s’est fait dans l’échange d’idées. En gros on lui a laissé carte blanche à partir de l’idée de base du morceau. C’est tout l’intérêt de travailler avec un artiste qu’on apprécie. Si on avait voulu totalement écrire le scénario, je pense qu’il aurait été plus intéressant réaliser le clip nous-mêmes.
La composition de votre album sera similaire à celle de vos concerts ? Avec un début plus “pop” pour finalement arriver à des titres plus “club” ?
Pour l’instant on est pas certains de comment on va le construire, mais la progression ne sera pas aussi évidente que pour un live. Les enjeux ne sont pas du tout les mêmes tout simplement parce que les contextes d’écoute sont très différents. Ce qui est certain c’est que l’album sera assez éclectique, avec justement des morceaux plus ou moins rythmés, plus ou moins énergisants ou dépressifs. Il y aura un peu de tout. On a vraiment besoin d’ouvrir plein de portes de couleurs différentes, en ce moment.
Pour le coup, Fangs Out est très marqué électro, tout comme le single You’re High. Ce côté plus pop est-il définitivement derrière vous ?
Jamais définitivement, on n’en sait rien. Mais, en ce moment, on fait simplement évoluer notre musique, tout naturellement. On s’est rencontrés il y a peu de temps finalement, donc notre musique est en constante maturation. Et ce serait dommage qu’elle s’arrête un jour de grandir, en fait. Et c’est vrai qu’en ce moment, nos inspirations et nos envies ne sont pas très “pop”, en tous cas moins que sur le premier EP.
En attendant la sortie de l’album prévue en septembre 2018, vous allez faire une tournée nord-américaine. Quel type de show allez-vous prévoir ?
Notre live a toujours évolué par petites touches depuis les premières représentations, rien n’est ultra figé, même si certains passages du set restent toujours les mêmes depuis un certain temps parce que jusqu’ici, ils sont restés très appréciés autant par nous que le public. Récemment on a testé un nouveau set, c’est surtout le début qui change beaucoup, et on a intégré un nouveau morceau depuis la dernière fois. Ce qui est sûr c’est qu’aux USA on va ramener de la pyrotechnie.
Vous allez en profiter pour essayer de nouvelles choses ?
Ouais, on a envie de tester le valium fabriqué sur place et goûter les bretzels géants au cheddar.
Agar Agar sera en concert à la Cigale (complet) de Paris jeudi 1er mars, puis s’envolera presque dans la foulée à Montréal, pour un show prévu à La Sala Rossa le 7 mars. Ils seront de retour en France en avril pour une flopée d’autres dates, à retrouver ici.
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