Les querelles politico-familiales entre Jean-Marie Le Pen et Marine Le Pen rythment depuis plus de deux ans l’actualité du Front national. Père et fille se déchirent médiatiquement. Mais bien qu’il ait proféré de nombreuses menaces contre l’actuelle présidente du FN, Jean-Marie Le Pen ne les a jamais mises à exécution. Pour mieux préserver sa fille ?
“J’ai pitié d’elle.” Jean-Marie Le Pen n’est pas tendre en parlant de sa fille dans ses mémoires a paraître le 1er mars. Dans Fils de la Nation (Muller), le fondateur du Front national juge la performance de Marine Le Pen aux présidentielles et aux législatives “décevante”. Un ouvrage déjà épuisé avant même sa mise en vente.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Des propos qui n’étonnent pas tellement, tant on sait que le père que la fille n’hésitent pas à afficher publiquement leur mésentente sur les plateaux télé ou lors des interviews radiophoniques. Une ambiance glaciale depuis que Jean-Marie Le Pen a été exclu du parti en août 2015, même s’il demeure président d’honneur suite à une décision de justice.
Des menaces en l’air
L’homme de 89 ans avait annoncé sa venue au Congrès du Front national le 10 mars prochain à Lille. Il avait menacé de s’y rendre en recourant si besoin à la “force publique” car le parti lui en avait interdit l’entrée. Il change finalement d’avis en déclarant : “Je ne me rendrai pas à Lille car je ne veux pas me rendre complice de l’assassinat du FN qui va s’y dérouler.”
Ce n’est pas la première fois que Jean-Marie Le Pen ne met pas ses menaces à exécution. Selon un article publié dans Le Canard enchainé du 21 février, cette désunion familiale peut s’avérer être seulement de façade.
En septembre 2015, le Front national organise son université d’été à Marseille. Fraîchement exclu, l’ancien président du parti annonce sa venue à l’événement sans y avoir été invité. “Il est légitime que les différences s’expriment », avait-il affirmé. L’eurodéputé ne jouera finalement pas les trouble-fêtes. Il décide plutôt de profiter de la ville pour aller déjeuner avec ses soutiens encore au FN. C’est là qu’il annonce la création d’une association baptisée “Rassemblement Bleu Blanc Rouge”, calquée sur la structure du “Rassemblement bleu Marine”. Un projet qui prendra fin en même temps que le repas.
De l’argent non réclamé
En décembre 2015, le fondateur du parti d’extrême droite avait menacé de présenter une liste dissidente lors des élections régionales en Paca. Il finira par appeler ses partisans à voter pour la liste de sa petite-fille, Marion Maréchal-Le Pen. L’année suivante, Le Pen décide de constituer les “Comités Jeanne” qui ont pour slogan “Jeanne, au secours!”, un mouvement politique créé dans le but de peser sur la ligne du FN. Comme le précise Le Canard, hormis quelques candidatures aux législatives de 2017, l’aventure en restera là.
L’exclusion du patriarche du FN a mené à un long contentieux juridique en 2016. Le tribunal de Nanterre confirme son éviction mais maintient son titre de président d’honneur, il autorise également l’ancien président déchu à réclamer 2 000 euros pour chacune des réunions statutaires du FN qui ont lieu sans lui. Selon Le Canard, Jean-Marie Le Pen n’a jamais rien demandé. En février 2018, la cour d’appel de Versailles augmente la somme à 5 000 euros. Les magistrats décident également que le parti d’extrême droite sera également dans l’obligation de verser 25 000 € de dommages et intérêts à son fondateur. Une cagnotte non réclamée, toujours selon le journal.
Jean-Marie Le Pen, un « faux dur »
Un “faux dur” pour le journal satirique, qui rappelle que Marine Le Pen a emprunté 6 millions d’euros à son père pour la campagne présidentielle de 2017, via le micro-parti Cotelec du fondateur du FN. Des menaces qui servent uniquement d’effets d’annonce ? Seraient-ils finalement plus amis qu’ennemis ? Pour Erwan Lecœur, sociologue et spécialiste du Front National, “la guéguerre entre père et fille est entretenue et bien utilisée comme un ressort pour envoyer des informations à diverses tendances au sein et autour de FN ainsi qu’à l’opinion, dont les médias.”
{"type":"Banniere-Basse"}