Gianni Di Gregorio fait de la résistance en prônant le muflerie comme règle de vie.
Gianni Di Gregorio, papy scandaleux qui a débuté une carrière d’acteur et de cinéaste à l’âge où d’autres prennent leur retraite, joue merveilleusement de son archaïsme. Et comme Nanni Moretti est rentré dans le rang et tous les autres disparus, il entretient à lui seul la flamme de la comédie italienne.
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Dans son troisième film, il distille son charme vieillot mais toujours irrésistible – à condition qu’on soit sensible à ce type d’anachronisme. Mettant un bémol à son donjuanisme chronique (quoique), Di Gregorio fustige ici avec bonheur la vie de bureau sur un mode vintage, bien que quelques indices (téléphone portable, informatique) confirment que l’histoire est bien contemporaine.
Il joue un gratte-papier tire-au-flanc qui, au lieu d’accéder enfin à une retraite espérée, voit sa carrière rallongée de quelques années et, pire, est muté dans une filiale de sa société au fin fond de la banlieue romaine. Annexe ultramoderne où il est contraint de se mettre à l’informatique, et surtout de travailler…
Le sujet central de cette farce, et source de gags jubilatoires, c’est la colère, ou plutôt l’affirmation de soi, dont Gianni découvre soudain les vertus. D’où une suite de facéties où il se venge des humiliations qu’il tolérait auparavant. La vision tatiesque du cinéaste sur l’inhumanité du monde de l’entreprise se double donc du sens habituel de la provoc de Di Gregorio, maestro de la transgression hédoniste. Ce principe se concrétise avec force à travers un personnage annexe, Marco, collègue gentil et corvéable à merci, auquel Gianni inculque son credo réactif.
Si tout n’est pas percutant chez Di Gregorio, et certaines de ses ficelles parfois usées, son cinéma aussi modeste qu’impertinent est un havre de fraîcheur dans un monde confus où le sens de l’humour est en perte de vitesse.
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