Pour son sixième album, Tim Presley met un peu d’ordre dans son garage. Critique et écoute.
Jusqu’ici, le Californien au nom pesant s’était contenté de tricoter dans l’ombre de son pote Ty Segall des chansonnettes home-made sous influence psychédélique, qui péchaient gravement par leur manque de substance. En trouvant enfin la porte d’un vrai studio, il déploie ses ailes byrdsiennes un peu plus élégamment, usant des effets de manche (de Rikenbacker) à défaut de posséder la majesté naturelle et la flamboyance vocale de ses modèles.
On pourra s’interroger longtemps sur l’utilité d’un telle démarche passéiste, cristallisée dans une sorte d’impuissance à voler plus haut que le bitume, même si par intermittence White Fence parvient ici à passer pour un maître des illusions. C’est surtout avec des titres plus modestes comme Sandra (When the Earth Dies) ou Hard Water, où il s’approche plus volontiers de la douce-dinguerie d’un Kevin Ayers, que Presley séduit la galerie, ses mélodies n’ayant par ailleurs guère le pouvoir de réveiller quiconque la nuit. Si on possède déjà l’essentiel de la production garage sixties originelle (ou un compte streaming et de bons conseils), cet ajout anachronique semblera toutefois complètement superflu.