Dans une interview accordée aux « Inrockuptibles », le député PS de l’Essonne, Julien Dray demande à Nicolas Sarkozy de « dissoudre l’Assemblée nationale ».
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Les affaires ne sont pas les mêmes donc je ne confonds pas les deux histoires. Mais je sais ce qu’est un lynchage médiatique, la souffrance que cela représente pour soi-même et sa famille.
Je me garde de juger à partir d’interviews, de confidences, de propos rapportés et d’interprétations. Mais je dis que dans cette histoire, Eric Woerth a commis deux fautes politiques. Premièrement, être resté trésorier d’un parti politique tout en étant ministre du Budget. Deuxièmement, avoir participé à des réunions de collecte de fonds sur l’UMP tout en étant ministre du Budget. Tout ceci provoque forcément des suspicions.
En devenant ministre du Budget, il aurait dû tout de suite démissionner de sa fonction de trésorier de l’UMP. De ce point de vue, j’ai été choqué d’apprendre la démission de sa femme : Florence Woerth a le droit de faire une carrière indépendante de celle de son mari. Elle a aussi le droit de travailler. Ce n’elle pas elle qui aurait dû démissionner, c’est Eric Woerth !
Le gouvernement actuel connaît aujourd’hui le même problème : une impression de frustration par rapport aux promesses de Nicolas Sarkozy en 2007 et l’espoir qu’il avait de faire bouger la société. Dans ce genre de situation, il n’y a pas trente-six solutions. Ce ne sont pas les changements d’homme ou de gouvernement qui pourront faire quelque chose. Nicolas Sarkozy doit poser aux Français la question de la confiance qui lui est accordée, ce qui passe par une dissolution de l’Assemblée. Si le président ne résout pas le problème maintenant, il prend le risque que la situation s’éternise pendant encore deux ans.
Que pensez-vous du positionnement du PS dans cette affaire ? Ségolène Royal en a-t-elle trop fait et Martine Aubry pas assez ?
J’ai le sentiment que la première secrétaire a été plutôt modérée et qu’elle n’a pas voulu, à juste titre, participer à une chasse à l’homme. Après, que certains responsables socialistes se soient un peu enflammés et qu’ils aient eu des propos excessifs, ne prenant pas le recul suffisant suite aux révélations médiatiques, c’est possible. Mais il est normal que l’opposition fasse son travail. Si nous n’avions pas posé de questions, interpellé la majorité, on nous aurait accusé de complicité et le FN s’en serait servi pour dire « tous les mêmes, tous pourris ».
Il faut trouver un chemin médian qui respecte la présomption d’innocence et qui, en même temps, pose les questions. En somme, ni calomnie ni complaisance. Si le gouvernement avait répondu dès le début aux questions et s’il avait annoncé que le trésorier du parti n’était plus ministre, nous n’en serions pas là aujourd’hui.
Je pense qu’il faut faire respecter les procédures du droit, quel que soit l’individu mis en cause. Ce ne sont pas les sentiments personnels ou l’envie d’en découdre qui doivent l’emporter, mais des principes. Principes de transparence, principe de vérité bien entendu. Mais aussi principe de présomption d’innocence. La recherche de la justice et de la vérité n’est pas un show.
La version intégrale de l’interview est à lire dans le numéro des Inrockuptibles à paraître demain.
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