En doubles albums complets, l’épopée punk et dingue d’un grand groupe français.
L’esprit était un mauvais esprit. Il perdure, ici et là, du rap vomi de Stupeflip au rock exagéré de Twin Twin. Mais n’atteint jamais l’intensité, la noirceur, la dinguerie de ce Concerto pour détraqués, pour ne citer que lui. Avant de virer au théâtre de rue, au concours de cracheurs de feu et au chenil bandana pour punks à chiens, Bérurier Noir fût une fascinante monstruosité, un bubon écarlate sur la face du rock français, une vraie exception culturelle, qui remplissait le Zénith et affolait l’establishment dépassé. Folklore déglingué, dégénéré d’un monde qui mange ses propres enfants, la musique de Bérurier Noir, ce punk-rock heurté, hurlé au désespoir et à la gaudriole, était tellement ignorant de l’air du temps, des déguisements de production, tellement cul nu et tripes à l’air, qu’il ne pouvait pas vieillir. Même si les thèmes, la scansion épuisante et une théâtralité grandissante paraissent aujourd’hui venir d’un monde oublié, la rage, l’insoumission et la liberté, elles, demeurent aujourd’hui encore explosives, dangereuses. À part NTM peut-être, aucun groupe de ces trente dernières années n’avait à ce point agité la France, l’avait fait frôler l’insurrection.
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