Érudits de rock américain, ces Français s’offrent un élégant road-movie. Critique.
On reconnaît immédiatement le son de Fat Supper : on avait intimement fréquenté ce rock estropié quand deux de ses musiciens officiaient sous le nom de Leo88man. On avait ainsi suivi leur road-movie haletant dans les bas-côtés américains, partant du Sud (Lambchop) pour traverser les Appalaches (Johnny Cash), visiter la légende newyorkaise (Television, le Velvet, que du bon), prendre en route quelques pochards slackers (Pavement, pour cette façon de violenter le refrain) et aujourd’hui finir en Californie, la tête à l’envers, les rythmiques déformées par des forcenés locaux, de Tom Waits à Captain Beefheart.
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Quelle langue, donc, parle aujourd’hui Fat Supper ? Un charabia qui empilerait, maniéré et faux, les dialectes ? Pas du tout : une langue personnelle, fluide et chantante, qui n’arrive décidément pas à trancher entre la ville et la campagne, l’urgence et le pastoral. C’était la dernière frontière de ce sinueux périple américain, qui donne à cette musique d’emprunts sa forme, ses reliefs, sa personnalité, ses odeurs définitifs. Mais ce n’est pas la fin du voyage : c’est le début d’un prochain trip pour ce groupe de dandys électriques qui ne tiendra jamais en place, en laisse.
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