Ce merveilleux chanteur français méconnu prend de l’altitude. Critique.
De La Jupe à Je sais faire tomber la neige, Lecoq a écrit quelques chansons françaises qui, à la manière brutale de Miossec ou voluptueuse de Dominique A, sont des ordres. Hors de question de se déplacer sans elles, précautionneusement stockées sur un lecteur MP3 : elles peuvent servir de trousse de secours, de musique de première nécessité, de bouée.
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Qu’importe leur anonymat : ce sont des grandes chansons à usage intime, qui chamboulent et rendent maboul, avec leurs mélodies en opaline et leur murmure du son. Il y a du Smog dans cette musique de brouillard résigné, du Bon Iver dans ce luxe austère. Comme lui, Lecoq a d’ailleurs enregistré ce cinquième album dans l’isolement d’un chalet de bois, dans les neiges – au Québec, avec le fidèle Bruno Green à la production étrange.
Car plus que des chansons, Lecoq entortille ici des mantras de blues, un genre de krautrock d’Afrique en transe, répétitif et halluciné. Il ne prend plus la peine de raconter, d’enjoliver, de polir : ses chansons tiennent en une poignée de mots en vrac, ses mélodies en quelques pointillés. Son psychédélisme recueilli, son storytelling chancelant, on les retrouve ici sur Je positive ou La mer est basse devant nous, vestiges d’une époque où Lecoq n’avait pas encore commencé à voler. Haut et ivre de liberté.
concert le 2 mars à Pantin
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