Libre comme l’air, l’inclassable musicien Bachar Mar-Khalifé revient avec un deuxième album organique et des concerts printaniers.
Découvert en 2010 avec un premier album (Oil Slick) impressionnant de témérité et de densité, Bachar Mar-Khalifé persiste et signe avec un nouvel album au titre à rallonge (Who’s Gonna Get the Ball from Behind the Wall of the Garden Today?) et au contenu séduisant.
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Consolidant la place d’Infiné à la pointe des labels actuels, ce disque splendide, avec lequel se nouent d’emblée des liens d’étroite intimité, est l’oeuvre d’un homme qui, malgré son jeune âge (il vient d’avoir 30 ans), a déjà accompli un long parcours. Et pour cause : fils de Marcel Khalifé, compositeur-interprète libanais internationalement reconnu, et frère cadet de Rami Khalifé, devenu lui aussi musicien (notamment au sein du trio Aufgang), Bachar entretient avec la musique la même relation qu’Obélix avec la potion magique.
“Parlant de mon enfance, l’expression ‘baigner dans la musique’ s’impose vraiment. Tout petits déjà, mon frère et moi accompagnions mon père lors de ses tournées et étions au contact de ses musiciens. Les deux musiciens qui comptent le plus pour moi sont mon père et mon frère, mais tous ceux avec lesquels j’ai pu jouer ont été importants dans mon évolution. C’est à partir du moment où je suis sorti du cercle familial que l’album procède à l’évidence d’une nécessité viscérale, palpable tout du long et souvent génératrice de frissons j’ai vraiment pris conscience de l’immensité du monde musical.”
Amorcé à l’adolescence, période durant laquelle Bachar développe une passion (toujours vivace) pour Nirvana, ce processus d’émancipation et d’expansion du domaine musical s’est affiné ultérieurement sur les bancs des conservatoires de Boulogne et de Paris – la famille Khalifé ayant quitté le Liban à la toute fin des années 1980 pour venir s’installer en France.
“J’ai d’abord appris à jouer du piano puis, fasciné par les percussionnistes qui jouaient avec mon père, j’ai étudié la percussion, d’abord au conservatoire de Boulogne puis au Conservatoire supérieur national de Paris, où l’on travaille sur un répertoire très contemporain. J’ai eu la chance d’avoir des profs à la fois exigeants et très ouverts, qui ont rendu ce temps de formation très précieux et m’ont permis de ne pas m’enfermer dans un registre particulier.”
Mû par une farouche indépendance d’esprit, Bachar Mar-Khalifé – qui a pu jouer avec l’Ensemble Intercontemporain tout comme avec Carl Craig ou Murcof – conçoit une musique irréductible à quelque style que ce soit. À l’instar de sa très belle pochette, Who’s Gonna… évoque ainsi un kaléidoscope constitué de matériaux divers (musique arabe traditionnelle, electro, musique contemporaine, jazz…) se cristallisant en un ensemble aussi cohérent que fervent, dont se détache en particulier une reprise absolument magnifique (en duo avec la chanteuse Kid A) du Machins choses de Gainsbourg.
Nettement plus intelligent et raffiné que la moyenne, l’album n’est en rien cérébral ou alambiqué. Porté par le chant puissant de Bachar, il est extrêmement organique, plus incarné qu’Oil Slick, et procède à l’évidence d’une nécessité viscérale, palpable tout du long et souvent génératrice de frissons. “Cet album est venu beaucoup plus naturellement que le premier. Je n’ai pas voulu trop le penser ; au contraire, j’ai cherché à obtenir quelque chose de brut et direct, très proche du live, avec l’aide essentielle de mon ami ingénieur du son Joachim Olaya. L’enregistrement s’est fait en quatre jours, début février 2012, au studio Black Box, près d’Angers. Nous étions sous la neige, comme coupés du monde : c’était merveilleux.” Le résultat l’est tout autant.
Concerts : le 29 mars à Paris (Café de la Danse), le 26 avril à Bobigny, avec Marcel et Rami Khalifé (dans le cadre de Banlieues bleues)
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