En 1989, Ian Frazier explorait les Grandes plaines des westerns. Un trip resté culte.
Journaliste star du New Yorker, il est aussi le seul écrivain à s’être vu décerner deux fois le Thurber Award, ce prestigieux prix littéraire américain qui récompense chaque année une œuvre pour son humour. Le sujet de son livre le plus connu n’a pourtant pas grand-chose de comique, a priori : ces Grandes plaines (1989) qui s’étendent du sud au nord des Etats-Unis, du Texas au Dakota.
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Un espace magnifié par Mark Twain, Washington Irving, glorifié par les westerns ; l’incarnation du rêve américain. Sauf qu’en frottant le mythe à la réalité Frazier découvre tout autre chose. “A la fin de l’année 1982, écrit-il, j’ai quitté New York pour emménager dans le Montana. J’ai sous-loué mon appartement à ma sœur, rempli mon van, et pris la route de l’ouest. En chemin je me suis arrêté à Cleveland, pour assister au mariage de mon autre sœur. Durant la réception, histoire de divertir les demoiselles d’honneur, j’ai mangé un cricket noir de la taille de mon pouce. Plus tard, j’ai été faire un tour tout seul en voiture dans l’ouest de la ville, en chantant Jerusalem avec les vitres ouvertes tandis que des larmes roulaient le long de mes joues.”
Détails truculents, traits d’esprit, anecdotes cocasses
L’auteur navigue entre champs de maïs dévastés par les insecticides et sites de lancements nucléaires, affreux hôtels pour touristes et la maison de Bonnie and Clyde, en passant par les lieux de crimes chroniqués par Truman Capote dans De sang-froid.
Si le livre s’égare parfois dans des détails inutiles, il retombe toujours sur ses pattes grâce à un détail truculent, un trait d’esprit, une anecdote cocasse. Ainsi de ces Indiens qui trouvaient autrefois si drôle de voir des Blancs se serrer la main qu’ils les imitaient, puis “se roulaient par terre, hilares”.
Frazier passe du passé au présent, de l’histoire d’une bataille historique et du destin tragique de Crazy Horse, le chef indien rebelle, aux aventures désopilantes qu’il vit chaque jour durant son périple. Une virée joyeuse aux frontières du wild West, qui déconstruit avec allégresse la mythologie de pacotille d’habitude associée à l’americana.
Grandes plaines (Hoëbeke), traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Alexandra Maillard, 286 p., 21 €
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