Elles et ils risquent bien de marquer l’année 2018. Alors autant commencer à les écouter immédiatement.
Depuis sa naissance dans les années 1940 aux États-Unis, le R’n’B n’a cessé de se transformer, porté par l’ambition d’artistes audacieux, toujours en quête de renouveau. Après avoir connu son âge d’or dans les années 1990, puis laissé place au rap dès le début des années 2010, le genre est de nouveau sous le feu ardent des projecteurs, modernisé par une jeune génération de chanteurs et de chanteuses aussi talentueux que fascinants. La preuve par cinq.
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– RAVEENA
À l’instar des réalisateurs David Lynch et Hayao Miyazaki, Raveena a fait de l’art un moyen de s’échapper dans son propre monde. Bercée par les voix de Sade, d’Amy Winehouse, d’Ella Fitzgerald ou de D’Angelo, cette New-Yorkaise de 24 ans façonne une musique délicate, coincée quelque part entre la nostalgie de la soul vintage et la tendresse du R’n’B actuel.
Avec son premier EP Shanti, sorti fin 2017, cette fille d’immigrés indiens a choisi d’extérioriser ses blessures les plus profondes, faisant de la musique un processus cathartique à part entière. “J’ai commencé à écrire à l’âge de 16 ans, et ça a été une véritable révélation, confiait-elle récemment à i-D . « Cela m’a aidé à explorer des sentiments dont je ne pouvais faire part à mes proches, surtout en tant que fille d’immigrés, qui a dû faire face à des moments assez douloureux à la maison.”
Voilà pourquoi Raveena a pris soin de placer des femmes noires et métisses au cœur de son premier clip Sweet Time, une chanson qui affirme la nécessité de s’aimer soi-même. “J’ai voulu créer une vidéo qui incarne cette notion de self love, en réunissant des femmes qui célèbrent la beauté et la force des unes et des autres, poursuivait-elle dans les colonnes d’i-D. [Le but de ma musique], c’est de créer une communauté, un espace sûr pour les femmes de couleur, car c’est quelque chose que je n’ai pas eu en grandissant. Je crois qu’à travers ma musique, je peux créer cet espace. La communauté, c’est la réponse de la musique.”
– LOLO ZOUAI
Du haut de ses 22 ans, Lolo Zouaï pourrait bien s’affirmer rapidement comme le nouveau visage du R’n’B français. Et pour cause : avec son premier single High High to Low Lows, paru en septembre dernier et cumulant déjà près de 3 millions d’écoutes sur Spotify, cette Franco-Algérienne est parvenue à faire éclore un son moderne, aussi bien chanté en anglais qu’en français.
Son univers planant, envoûtant, qui n’est pas sans rappeler celui de Ta-Ha ou de Sabrina Bellaouel; Elle le doit sans doute à son enfance passée entre la France et les États-Unis. Si elle est née à Paris, la jeune artiste s’installe très jeune à San Francisco, où elle grandit biberonnée au R’n’B des années 1990 et 2000, et au hip-hop issu de la Bay Area. Désormais basée à New York, Lolo Zouaï entend bien conquérir le monde. Après avoir co-écrit “Still Down”, titre phare de l’album Vol.2 de H.E.R., la chanteuse a reçu le “Songwriters Hall of Fame Abe Olman”, un prix qui récompense chaque année le talent de nombreux auteurs-compositeurs, et dont John Legend a lui-même été distingué en 2002. Son dernier single Blue, divulgué début 2018, précise les contours d’une carrière prometteuse.
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– SONDER
Fortement inspiré par le R’n’B des années 1990, Sonder est un trio américain dont la musique, sensuelle et mélancolique, renouvelle le genre sans jamais compromettre ses origines. Sur son premier EP Into, dévoilé début 2017, le groupe, composé du chanteur Brent Faiyaz et des producteurs Atu et Dpat, nous plonge dans les dédales d’un monde nébuleux et onirique, qui n’est pas sans rappeler celui émanant des premières mixtapes de The Weeknd.
Du point de vue des paroles, ce projet est un moyen pour Brent Faiyza d’aborder des thèmes qu’il n’arrive que rarement à exprimer dans son quotidien, tels que sa relation avec les femmes, sa famille, ou encore l’idée que la vie défile beaucoup trop vite. Sur Sonder, le titre phare de cet EP, sorti à l’été 2017, les trois compères retracent ainsi le voyage initiatique d’un jeune Afro-Américain, de ses premiers pas sur Terre à sa renaissance.
Le clip de ce morceau, que l’on doit au réalisateur Noah Lee (proche collaborateur de Rejjie Snow) et à Sara Elgamal (productrice du clip “Blood On Me” de Sampha), est à l’image de cet énigmatique trio : poétique, hypnotique et mystique. One Night Only, son nouveau single partagé le 9 février dernier, semble annoncer de nouveaux et beaux projets pour l’année à venir.
– RAVYN LENAE
À 19 ans, elle a déjà conquis quelques-uns des plus grands colosses de la presse américaine, parmi lesquels Pitchfork, Rolling Stones ou le Huffington Post. À le croisée des genres entre néo-soul, dreamy pop et R’n’B, la musique de Ravyn Lenae, qui cite OutKast, Timbaland, India.Arie et Erykah Badu comme ses principales influences, charme autant pour sa modernité que sa précocité. Car cette native de Chicago, pas encore majeure aux États-Unis, est loin d’en être à son coup d’essai. Après Moon Shoes, un premier EP sorti de façon totalement indépendante en 2015, à tout juste 16 ans, la jeune femme offre en 2017, sous la tutelle du label Atlantic Records, un second EP : Midnight Moonlight. Deux projets convaincants, qui lui vaudront d’être remarquée par SZA et Noname, qu’elle a depuis accompagnées en tournée.
Forte de cette notoriété naissante, Ravyn Lenae vient de donner vie à son troisième EP Crush, produit par Steve Lacy (autre artiste précoce). Porté par le single “Sticky”, ce nouveau projet marque un tournant dans la musique de Ravyn Lenae, qui semble s’affirmer davantage, autant dans les sonorités que dans les paroles de ses chansons. “Les mélodies ont changé, et la façon dont je traite certains sujets a changé, elle aussi, expliquait-elle à The Fader. Je suis plus directe, et je n’ai plus à rougir d’aborder telles ou telles thématiques. Je crois que ce projet marque mon passage à l’âge adulte.”
– QUIÑ
Pur produit de la Californie, QUIÑ est à l’origine d’une musique qu’elle décrit elle-même comme de la “soul fantasy” : un son délicat et vaporeux, qui emprunte autant au R’n’B qu’à la musique électronique, à la soul qu’au hip-hop. Son dernier EP en date, l’envoûtant Dreamgirl, en est la parfaite illustration. Composée de cinq titres, cette compilation nous propulse dans la galaxie lumineuse de la jeune femme, dans laquelle on croise tour à tour Céline Dion, qu’elle considère comme l’une de ses artistes préférées, et Syd, l’ensorcelante chanteuse du groupe The Internet. La voix de cette dernière s’entremêle d’ailleurs à celle de QUIÑ sur “Sticky Situation”, le premier titre de Dreamgirl, dans le clip duquel notre artiste se livre à une relation passionnée avec une autre jeune femme.
“La réaction de la communauté LGTBQ a été plus que positive, décryptait-elle, ravie, dans un entretien accordé à Billboard. Je crois qu’il existe plusieurs nuances d’amour, et je suis heureuse d’avoir été capable de véhiculer cette idée à travers mon art, de constater que les gens s’identifient à cette vision. Au bout du compte, nous sommes tous ensemble, connectés.”
Par Naomi Clément
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