Au lieu de continuer de vivre au crochet d’une légende de plus en plus ébréchée au fil du temps, il a décidé de reprendre la main et d’écrire à nouveau des chansons qui tiennent debout sans recourir à ce tuteur misérable qu’est l’autobéatification au nom des splendeurs passées. Aussi, les invités de l’album (Noel Gallagher […]
Au lieu de continuer de vivre au crochet d’une légende de plus en plus ébréchée au fil du temps, il a décidé de reprendre la main et d’écrire à nouveau des chansons qui tiennent debout sans recourir à ce tuteur misérable qu’est l’autobéatification au nom des splendeurs passées. Aussi, les invités de l’album (Noel Gallagher et Gem Archer d’Oasis, Kelly Jones de Stereophonics, Steve Cradock et Damon Minchella d’Ocean Colour Scene) sont-ils d’abord priés de se tenir à carreau, à faire plutôt dans la dentelle qu’à déballer l’habituel barnum qu’ils trimballent dans le civil.
La meilleure illustration est ce One X One sensible et aérien, où les deux Oasis en goguette semblent avoir troqué à l’entrée leurs semelles de plomb pour une paire de patins volants. Mais la contribution extérieure la plus remarquable revient au dernier en date de ses laudateurs, Simon Dine, leader des remarquables Noonday Underground, qui signe et habille d’un arrangement pimpant le bien nommé It’s Written in the Stars, meilleur single de Weller depuis le Shout to the Top du Style Council. S’il a parfois la main encore un peu lourde ? la charge contre les dirigeants du monde occidental, A Bullet for Everyone, est louable sur le fond, mais le boogie indigeste qui en constitue la forme est aussi finaud qu’un discours de George W. Bush ?, Weller sait aussi se montrer d’une précision chirurgicale lorsqu’il emprunte la voie moins rocailleuse d’un folk-rock boisé et éclairci aux guitares acoustiques (Bag Man, Who Brings Joy).
Une étonnante parenthèse psyché-hindouisante, Spring (At Last), un flash-back vers la soul mod(ernisée) de ses jeunes années, All Good Books (où le spectre des Small Faces pointe à nouveau sa morgue) ou encore ce Leafy Mysteries abrasif et sophistiqué comme du Jam dernière époque amènent à cette conclusion : Illumination n’est pas très loin de mériter son titre.