Sur le papier, le concept a de quoi faire peur : Alain Bashung et sa nouvelle épouse interprétant dans une église, pour leur mariage, une lecture à deux voix d’un texte biblique, sur un tapis musical gentiment offert par un vieux pote. Sauf que le pote en question s’appelle Rodolphe Burger, par ailleurs éditeur du […]
Sur le papier, le concept a de quoi faire peur : Alain Bashung et sa nouvelle épouse interprétant dans une église, pour leur mariage, une lecture à deux voix d’un texte biblique, sur un tapis musical gentiment offert par un vieux pote. Sauf que le pote en question s’appelle Rodolphe Burger, par ailleurs éditeur du disque sur son nouveau label Dernière Bande. Sauf que le texte biblique est le Cantique des cantiques, superbe chant d’amour composé de huit poèmes empreints d’une sensualité plutôt rare dans les écrits religieux. Sauf, enfin, que l’adaptation est signée Olivier Cadiot, romancier et auteur de théâtre singulier, déjà croisé en compagnie de Burger sur le maladif Samuel Hall de l’album Fantaisie militaire. Et le miracle, puisque de religion il s’agit, opère : pendant vingt-sept minutes, les voix de Chloé Mons et de Bashung se répondent à la perfection sur des paroles d’une beauté lumineuse, souvent limpides (« Contour des cuisses comme un collier/Fait à la main par un artiste« ), parfois étranges (« Pourquoi voulez-vous regarder la Sulamite ?« ). La musique, boucle lente et hypnotique ponctuée d’un court solo d’harmonica, enveloppe le texte plus qu’elle ne l’accompagne. Dès la première écoute, et tout au long des suivantes, la calme splendeur de cet ovni musical balaie les craintes : dans la foulée de L’Imprudence, Bashung ne succombe pas une seconde à l’impudeur. A la neuvième minute, une phrase résume l’ensemble : « Quand tu parles, c’est magnifique.«
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