Doucement les basses. Tel aurait pu être le titre de ce troisième album de Death In Vegas, dont les premières écoutes malmènent étrangement l’auditeur habitué au confort rebondi des graves qui nimbent n’importe quel enregistrement moderne. L’audace d’une telle entorse aux conventions n’est pas sans comporter une certaine dose de risque. Ainsi, on pourrait croire […]
Doucement les basses. Tel aurait pu être le titre de ce troisième album de Death In Vegas, dont les premières écoutes malmènent étrangement l’auditeur habitué au confort rebondi des graves qui nimbent n’importe quel enregistrement moderne. L’audace d’une telle entorse aux conventions n’est pas sans comporter une certaine dose de risque. Ainsi, on pourrait croire à un plantage technique avant d’apprendre que ces deux explorateurs ont passé une grande partie des cinq dernières années en Inde, pays où l’oreille musicale s’est modelée au cours des siècles à l’écart, voire à revers, des normes occidentales.
Avec l’apport d’un notable local, L. Subramaniam, violoniste ayant participé avec Ravi Shankar à la caravane indienne tractée par George Harrison dans les années 70, Death In Vegas n’hésite pas à labourer de manière radicale le champ des perceptions de la pop depuis bientôt quarante ans. Fearless et Holmes continuent de dévier lentement, après le splendide The Contino Sessions, d’un axe qui aurait pu à terme se transformer en piquet d’attelage.
Ne comptons pas sur eux, donc, pour faire pulser l’autoradio, même si le titre d’ouverture à double entrée (Leather et Girls, unis pour le single le plus bizarre de la décennie) rappelle étrangement les tracés electro-rock’n’roll autoroutiers de Neu!, avant de bivouaquer sur une aire de repos hantée par les vocalises de Susan Dillane (Woodbine). Le parterre d’invité(e)s qui va ensuite se déployer titre après titre ressemble à un casting idéal : de la nymphette dévoyée Nicola Kuperus jusqu’aux gorges abrasives et crevassées de Liam Gallagher et Paul Weller, sans parler de la paire Dot Allison et Hope Sandoval qui tamise à chaque apparition l’ambiance électrique régnant en continu sur les lieux. Car les cordes du maître indien en surimpression aux textures psychédéliques déjà hautement inflammables du duo, sont comme autant de mèches offertes à l’embrasement général. Ce scorpion a sûrement un ascendant pyromane.