Prolongeant son parcours atypique dans le paysage français, H-Burns a enregistré un bel album de rock atmosphérique en Californie. Rencontre, critique et écoute.
Depuis neuf années, ni son nom, ni sa musique, où l’anglais domine, ne disent la vérité sur les origines d’H-Burns. Ça tombe bien, Renaud Brustlein n’aime pas les étiquettes, surtout quand elles permettent une géolocalisation.
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“Quand j’ai commencé la musique, parce que j’avais grandi près des montagnes (il vient de la Drôme – ndlr), on évoquait toujours la nature, le côté désertique de ma région pour parler de mes chansons. On y soupçonnait une fascination de ma part pour les grands espaces américains. Je n’aime pourtant pas être associé à un lieu. Je préfère garder une part d’ombre, de mystère.”
Plus de rock
Difficile d’ailleurs d’ancrer le musicien dans une quelconque contrée. Depuis 2006, H-Burns avance, évolue beaucoup, va où on ne l’attend pas. Après des premiers disques où il s’épanouissait dans les provinces du folk et de l’americana, le Français signait ainsi en 2013 un album beaucoup plus électrique, produit par la légende Steve Albini. “Assez vite, je me suis senti étriqué dans le costume du folkeux à chemise à carreaux.” Réalisé à Chicago par le producteur de Nirvana, le précédent Off the Map avait plongé le musicien dans les eaux plus troubles du rock, et donné lieu ensuite à une tournée très électrique.
“Mais pour ce cinquième album, j’ai fait l’inverse, j’ai mystère de l’Ouest voulu un disque très produit, construit sur les claviers. Je suis parti d’un album que j’aimais beaucoup, Believers d’AA Bondy. J’ai cherché le nom du producteur dans les crédits de la pochette et j’ai décidé que je travaillerais avec lui. Seulement après ce choix, j’ai réalisé qu’il avait aussi produit les disques d’Elliott Smith qui ont compté pour moi.”
De la Drome à LA
L’homme en question se nomme Rob Schnapf et réside à Los Angeles. H-Burns y est resté un mois dans les studios de Schnapf, près de Pasadena, où est également passé Beck.
“J’ai toujours eu une fascination pour Los Angeles, et particulièrement pour l’errance de ses habitants dans la ville. Même avant d’y aller, j’en rêvais. J’avais découvert ça dans les livres de John Fante ou Charles Bukowski. Arrivé là-bas, je n’ai pas du tout été déçu, au contraire.”
Los Angeles et sa sismologie – en métaphore de la disparition – ont ainsi inspiré les grandes thématiques de Night Moves, un beau disque de rock atmosphérique, contemplatif même. Sans faux pas, ses onze chapitres font planer sur son auteur l’ombre du Boss : de l’inaugural Nowhere to Be au lyrisme sobre de Radio Buzzing, Bruce Springsteen joue ici le rôle de parrain officieux d’un album dont le relief apparaît progressivement, au fur et à mesure des écoutes. Impossible, aussi, de ne pas penser Elliott Smith sur Big Surprise, enregistré avec la guitare du fameux Between the Bars… “Sans savoir qu’elle lui avait appartenu, je revenais sans cesse à cette guitare dans le studio, quelque chose m’y attirait. Si bien que Rob a fini par m’expliquer son histoire…”
De Silent Wars à Radar ou In the Wee Hours, le pouvoir d’attraction de Night Moves opère lui aussi. Et tant pis si ces ballades nous inspirent des belles images des grands espaces américains (chut)… Une promesse, déjà : peu importe qu’il soit sorti en janvier, nous reviendrons beaucoup à Night Moves en 2015.
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