Poids lourd du cinéma d’horreur comme de l’electro, John Carpenter se fait plaisir sur son premier album à ne pas être conçu pour un film. Critique et écoute.
Fait rare dans le cinéma comme dans la musique, John Carpenter est peut-être le seul réalisateur dont les films ont autant inspiré que les bandes-son qu’il concevait lui-même. Son influence dans l’electro se mesure facilement à celle de compositeurs de films comme de Roubaix ou Vangelis, mais aussi aux pionniers synthétiques du krautrock ou de la techno de Detroit. L’adjectif “carpenterien” est même devenu un cliché pour qualifier toute inclination filmique ou sci-fi chez tel ou tel artiste electro. Une première pour le cinéaste de 67 ans, cet album conçu hors long métrage a quelque chose d’historique.
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Composées avec l’aide de son fils et de celui du guitariste des Kinks dont il est le parrain, toutes les pièces de Lost Themes possèdent inévitablement des structures narratives très marquées, comme si, même dégagé des contraintes du cinéma, Carpenter habillait encore un scénario imaginaire. Malgré quelques arrangements anachroniques ou un peu FM çà et là, le tout frappe par son originalité et sa pertinence : l’instrumentation est opulente, reposant sur son habituelle batterie de claviers analogiques, et l’écriture alambiquée, toute en paliers et en rebondissements, rappelant le rock progressif (et forcément Goblin, qui composait pour Dario Argento).
Pourtant conçu sans prétention et en toute détente, Lost Themes rappelle l’écrasante parenté de Carpenter sur la scène actuelle, et particulièrement française, d’Etienne Jaumet à Daft Punk en passant par Turzi, Kavinsky et Air (qui rééditèrent le classique Assault on Precinct 13 sur leur label). En plus d’inciter à une rétrospective de ses vieux films, c’est une merveille d’atmosphères et de constructions baroques que seul le maître pouvait mettre sur pied.
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