Sur ce premier album passionnant, le Canadien suit la voie tracée par Mac DeMarco, son ami d’adolescence et ancien partenaire de groupe. Critique et écoute.
En 2010, Alex Calder et Mac DeMarco ont à peine 20 ans lorsque sort Ying Yang, leur premier et unique album commun publié sous le nom de Makeout Videotape. Malgré une série de morceaux prometteurs, le groupe se sépare. Pendant que la carrière de son pote explose à l’autre bout du Canada, Calder démarre un projet solo plus discret. D’abord publiés sur internet, ses morceaux cotonneux attirent finalement l’attention de Captured Tracks, label de Brooklyn et révélateur de quelques beautés indé comme Beach Fossils, DIIV, Chris Cohen et, évidemment, Mac DeMarco.
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https://www.youtube.com/watch?v=ukTywGPF-c0
La bromance entre les deux amis d’adolescence continue donc à distance. Pendant que l’un enchaîne les concerts dans le monde entier, l’autre répète ses gammes dans l’ombre et profite de la radiance des minitubes Suki and Me et Fatal Delay pour sortir un premier ep (Time) au début de l’année 2013.
Moins précis mais plus radical que Mac DeMarco dans la structure de ses compositions, Alex Calder signe la plupart de ses chansons de la même indolence. Sa voix traîne entre des marqueurs rythmiques sombres et gluants avant de se libérer dans la clarté des refrains, souvent encadrés par des notes de guitare qui rappellent les ambiances intrigantes de Connan Mockasin.
Mais là où DeMarco n’hésite pas à miser sur l’épure et la simplicité pour faire ressortir ses mélodies, Calder décide de noyer l’intégralité de ses morceaux dans une production chargée qui relègue sa voix en arrière-plan. Les morceaux de ce premier album s’enchaînent donc dans une torpeur contemplative qui particularise l’univers d’Alex Calder et rapproche ses étranges rêveries des amours perdues chantées par The Durutti Column dès la fin des seventies.
L’impression d’écouter une cassette sans âge ne quitte jamais l’audition de Strange Dreams, collection aussi addictive qu’imparfaite dont le geste artistique renvoie à l’homonyme de son auteur. Comme le sculpteur américain rendu célèbre dans la première moitié du XXe sècle, Alex Calder brille d’un esthétisme aéré, d’une grâce flottante dont l’équilibre délicat habille ces onze morceaux suspendus comme autant de mobiles abstraits et articulés.
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