Libéré du fantôme d’Oasis, Noel Gallagher revient avec ses High Flying Birds pour un deuxième album. On y retrouve Johnny Marr, un saxophone et le thème du temps qui passe. Rencontre.
Comment te présenterais-tu à un jeune de 20 ans qui ne te connaîtrait pas ?
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Noel Gallagher – Je lui dirais sans doute : “Hello, je suis le mec que tu veux devenir !”
Te souviens-tu de la personne que tu étais à 20 ans ?
Je crois que je n’étais pas complètement différent. Je suis toujours le même fan de musique. Je suis toujours excité par le monde qui m’entoure. Alors bien sûr, je porte désormais de beaux vêtements, je vis dans une jolie maison et j’ai voyagé partout dans le monde. Mais ces expériences n’ont pas changé mon âme.
Tu te sens plus libre aujourd’hui qu’à l’époque d’Oasis ?
Oui. Quand tu quittes un groupe après vingt ans passés à suivre ses règles, tu as enfin l’impression de pouvoir faire ce que tu aimes.Tu vois ce pantalon orange ? Je n’aurais pas pu le porter il y a vingt ans. Aujourd’hui, c’est ça ma liberté !
Chasing Yesterday est ton deuxième album avec les High Flying Birds. As-tu l’impression d’avoir évolué ?
Si tu prends les deux albums et que tu regardes bien, tu verras que le deuxième est plus rond. Tu peux vérifier. C’est peut-être le disque le plus rond de l’histoire du rock. Pour le reste, Chasing Yesterday est sans doute plus soul. La grande nouveauté, c’est que je l’ai produit moi-même.
Et le saxophone sur certains morceaux ?
Je n’ai pas essayé de faire quelque chose de spécialement nouveau, de cool, de ceci ou de cela. Depuis qu’on me parle du saxophone en interview, j’ai l’impression d’avoir fait quelque chose de radical, comme si c’était un putain d’instrument du diable. Mais c’est un instrument comme un autre, même si j’admets que c’est nouveau dans ma musique. Au final, ça me plaît, ça sonne bien. C’est ce qui compte. Le problème, ce n’est pas le saxophone, mais de savoir qui en joue !
Ce titre pour l’album, c’est une façon d’assumer une certaine nostalgie ?
Pendant longtemps, l’album n’avait pas de titre. Et puis, un matin, quelqu’un du label m’appelle et me dit : “Il nous en faut un pour 13 heures”. J’ai trouvé Chasing Yesterday dans le texte de While the Song Remains the Same, un morceau qui parle de Manchester – mais d’une version de la ville qui a disparu. A partir de là, je savais qu’on me poserait des questions sur mon rapport au passé… Mais je ne suis nostalgique de rien. Et l’album ne l’est pas non plus.
Johnny Marr joue sur le dernier titre, Ballad of the Mighty I. Vous pourriez monter un club des légendes de Manchester.
Johnny est effectivement une légende, mais je ne suis pas sûr de pouvoir en dire autant. J’ai beaucoup aimé travailler avec lui, c’est un mec super et un guitariste brillant. On a beaucoup de choses en commun : on a le même regard sur la vie, on soutient la même équipe de foot, on vient du même côté de Manchester, on a évolué dans des circonstances similaires… C’est facile de parler avec lui.
Tu te demandes parfois où en est le rock ?
Le rock est mort. Je vais te dire pourquoi. Ce n’est pas à cause de la musique, mais à cause de l’état d’esprit des gens qui la font : sans rock-stars, il n’y a pas de rock, et l’industrie a tué les rock-stars.
Comment te vois-tu dans vingt ans ?
J’aurai 67 ans… J’espère que je porterai toujours ce pantalon orange !
{"type":"Banniere-Basse"}