Les non-dits conflictuels d’une relation père-fils à Nazareth.
Prenant appui sur la coutume patriarcale du wajib, Annemarie Jacir nous embarque dans un road-movie de petit périmètre à travers Nazareth, à bord de la voiture cabossée d’Abu Shadi et son fils Shadi qui font la tournée des amis pour distribuer les invitations au mariage de leur fille et sœur. Outre le déroulé d’un échantillon de la population palestinienne de Nazareth (qui porte passeport israélien), ce procédé permet de creuser les non-dits et conflits latents entre père et fils.
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Abu Shadi ne veut pas vivre ailleurs que dans ce territoire charnellement palestinien et juridiquement israélien, quitte à cohabiter pacifiquement avec les Juifs. Architecte à Rome, Shadi a pour sa part préféré l’exil à ce qu’il considère comme l’humiliation de vivre dans un pays occupé.
La peinture générale de la population palestinienne est assez fine et nous rappelle qu’elle n’est pas constituée uniquement de guerriers mais aussi de paisibles familles (dont certaines chrétiennes) semblables à celles de n’importe quelle classe moyenne. Dommage que cette finesse se limite aux Palestiniens.
Les seuls Israéliens juifs présents dans le film sont des silhouettes en treillis ou un collègue d’Abu Shadi qui apparaît dans les conversations, mais jamais à l’image. Or, on aurait aimé voir ses échanges avec les Shadi. Si le cinéma est l’art de l’altérité, la talentueuse Annemarie Jacir devrait encore fournir un petit effort pour devenir pleinement cinéaste.
Wajib, l’invitation au mariage d’Annemarie Jacir (Pal., 2018, 1 h 36)
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