Doldrums, pop folle d’électro

Pour l’avoir croisé sur scène à ses tout débuts, ahuri comme Richard Dreyfuss faisant sa rencontre du troisième type, pour avoir goûté aux buvards variables, aux univers kaléidoscopiques, à la pop chamboulée ou à l’électronique alien de ses premiers morceaux, pour s’être ensuite perdu dans le dédale dingo de son premier album Lesser Evil, on sait depuis longtemps qu’Airick Woodhead, la tête pensante et perchée de Doldrums, penchant masculin de sa compatriote Grimes, est capable de trouver le chemin de continents neufs et inconnus.

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Le Canadien qui déforme, dévisage, déconstruit la pop, la plonge dans l’électronique, dans l’acide ou l’amer, qui ajoute constamment, en petit chimiste maboul, de nouveaux éléments au tableau périodique des éléments habituels de la musique, publie désormais ce nouveau The Air Conditioned Nightmare. Et on avait beau l’attendre, la claque est intense – bien plus intense encore que celle du pourtant très bon Lesser Evil.

http://www.youtube.com/watch?v=O-1UMt8VtEs

Allant chercher ses torsions logiques dans tous les azimuts imaginables ou inimaginables, capable de dérouler de gros tubes à danser (les exaltantes et folles HOTFOOT et Loops, à réveiller l’intégralité du Père Lachaise) comme d’écrire les chansons auxquelles Radiohead songe depuis des années (Video Hostage ou Funeral for Lightning, sublimes, imprévues et obsédantes), courant avec une grâce bizarre et une franche bravoure sur un fil bien plus précis encore entre bizarrerie passionnante, pures racines pop et collages zinzins (My Friend Simjen, terrifiante et sorcière), The Air Conditioned Nightmare est un grand disque. Un grand disque neuf et une infinité d’univers à explorer, un périple cinglé à la fois naturel et irréel, tout en chairs palpitantes et en plastiques irradiés, en beautés instantanées et en contre-pieds ébouriffants.