Une électronique cauchemardesque sous stéroïdes, d’où émergent de lumineux traits jazzy. Critique et écoute.
Une fois digérée Z-Machines l’année dernière, l’étonnante expérience des robots japonais qui avait permis à Squarepusher de se confronter à un batteur doté de vingt-deux bras et à un guitariste de soixante-dix-huit doigts (!!!), le héraut du label Warp des premières heures aux côtés d’Aphex Twin, Autechre ou Boards Of Canada revient sur ses pivots émotionnels traditionnels : ceux du jazz et de la dance music. Et si Damogen Furies poursuit les atmosphères synthétiques d’Ufabulum (2012), l’énergie féroce qui s’en dégage lui confère un statut d’alter ego sombre et violent.
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L’album, qui démarre sur des coups de boutoir répétitifs, se termine dans un râle mécanique qui n’a rien à envier au chant du cygne du camion de Duel de Spielberg. Avec Damogen Furies, Tom Jenkinson fait hurler ses machines : “J’ai voulu explorer avec autant de force que possible les pouvoirs hallucinatoires et brutalement viscéraux de la musique électronique.”
Ses fameuses lignes mélodiques épurées éclosent ici sous une allure plus angoissante et frénétique qu’à l’accoutumée, envoyant valdinguer blue notes, drills dissonants et breaks disloqués dans les méandres stratosphériques les plus barrés. Mais sous les sons aux muscles bandés, se dévoile encore et toujours la chair intime de Squarepusher : ce fin alliage particulier de jazz, de drum’n’bass et d’acid, que l’on décelait à nu dans ses prémices, période Music Is Rotted One Note et Go Plastic, il y a une quinzaine d’années.
Le mythique Britannique a horreur du surplace et n’a de cesse de repousser les limites de son propre univers. Le virtuose de la basse semble avoir définitivement raccroché son antique instrument à quatre cordes, pour fondre son esprit dans une électronique futuriste mâtinée d’improbables lignes de codes et de chimères numériques.
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